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Troubles neurodéveloppementaux

L'appel des scientifiques contre les polluants chimiques

Par Anne-Laure Lebrun

Pesticides, métaux lourds... Ces produits chimiques altèrent le développement cérébral des enfants et devraient être interdits, dénonce une coalition de scientifiques.

kristina888/epictura

Une coalition de 48 scientifiques américains, médecins et défenseurs de l’environnement réclame des actions immédiates pour réduire l’exposition des femmes enceintes et des enfants aux polluants chimiques.
Dans sa tribune publiée dans la revue scientifique Environmental Health Perspectives, le projet TENDR estime qu’il existe suffisamment de preuves pour prouver le lien entre l’exposition à des substances toxiques présentes dans l’air, l’eau, la nourriture et le risque de troubles neurodéveloppementaux des enfants.

Déficience intellectuelle, troubles du spectre autistique, trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), difficultés d’apprentissage… Pour les membres du projet TENDR, une partie de ces troubles complexes qui mêlent origines génétiques et environnementales pourraient être évités si les substances chimiques toxiques étaient éliminées de notre environnement. 
« En 2011, une analyse des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a révélé que 90 % des femmes enceintes avaient dans leur organisme des niveaux détectables de 62 composés chimiques, dont des pesticides ou des phtalates. La majorité des produits peuvent traverser la barrière placentaire », rappellent, inquiets, les auteurs.


Une toxicité jamais évaluée

Les pesticides organophosphorés comme le malathion, ou les retardeurs de flamme contenus dans les meubles et les vêtements sont en tête des polluants à prohiber le plus rapidement possible. La coalition dénonce également la pollution aux métaux lourds comme le plomb ou le mercure, ainsi que la présence dans l’environnement des PCB, ou polychlorobiphényles, largement utilisés dans l’industrie au début du 20e siècle avant d’être interdits dans les années 1980.

Tout au long de leur tribune, les signataires énumèrent les études scientifiques ayant « clairement démontré leur toxicité neurologique ». Mais ils insistent sur le fait que ces substances ne sont que la partie émergée de l’iceberg. De nombreux produits utilisés et vendus aux Etats-Unis, et dans le monde, n’ont en effet jamais été testés en laboratoire afin d’évaluer leur impact potentiel sur le système nerveux des enfants. Une absence d’études toxicologiques qui doit aujourd’hui cesser, prévient le projet TENDR.

« L’enjeu est tel que les scientifiques et professionnels de santé appartenant au projet TENDR continueront à collaborer pour émettre des recommandations visant à réduire considérablement l’exposition de nos enfants à ces produits chimiques toxiques, affirme Maureen Swanson, co-directrice du projet. Appeler à mener d’autres travaux scientifiques n’est plus une réponse suffisante pour répondre à la menace. »