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Cancérigène "probable"

Glyphosate : l'Europe prolonge de 18 mois sa mise sur le marché

Par Julian Prial

La Commission européenne vient d'annoncer la prolongation pour 18 mois de l’autorisation dans l’UE de l'herbicide glyphosate, malgré la résistance de certains Etats membres.

defotoberg/epictura

C'était une décision attendue mais redoutée des défenseurs de l'environnement. Le célèbre herbicide glyphosate, classé parmi les « cancérigènes probables » pour l’homme, a toujours droit de cité en Europe. Après avoir repoussé à deux reprises sa décision, la Commission européenne a annoncé ce mercredi la prolongation temporaire, pour une période de 18 mois maximum, de l'autorisation dans l'UE de cette molécule active du Roundup. 

Dans un communiqué, l'exécutif européen explique avoir « décidé de prolonger l'autorisation du glyphosate pour une période limitée, jusqu'à ce que l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) publie son avis, au plus tard à la fin de 2017 ». Bruxelles a justifié cette décision par le refus des Etats membres de « prendre leur responsabilité » sur le sujet. Pourtant, certains pays n'ont pas caché leur jeu en étant officiellement opposés à cette autorisation.

La France contre le renouvellement

C'est le cas de la France et de Malte. Les deux ont voté contre alors que sept pays (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie) s'étaient abstenus. Au final, la Commission précise qu'elle va toutefois assortir la prolongation de licence du produit de mesures de restriction. 
Bruxelles va notamment surveiller son utilisation dans la période précédent la moisson et la « minimiser » dans les parcs et jardins publics. Elle va aussi interdire un adjuvant, la POE-tallowamine, utilisé dans des produits à base de glyphosate. 

Malgré ces annonces, les associations de défense de l'environnement réagissent mal à cette décision, notamment sur les réseaux sociaux. Dans un tweet, José Bové évoque par exemple « un déni de démocratie ».

Même son de cloche du côté de l'ONG Greenpeace France qui, dans un communiqué, dénonce cette prolongation. « Une fois de plus, la Commission européenne fait sa loi », déclare Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France. Elle ajoute : « Au lieu de chercher un consensus auprès des Etats membres, Bruxelles fait fi des divergences européennes sur la question de cet herbicide considéré comme cancérigène ». « Ce sursis doit permettre de développer de véritables alternatives à l’utilisation de cet herbicide. A terme, le glyphosate doit être purement et simplement interdit en Europe », conclut l'association. 

La France n'appliquera pas la décision 

La ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, a fait savoir le 1er juin sur Twitter que Paris « ne votera(it) pas la proposition de Bruxelles ». Marisol Touraine, ministre de la Santé, était même allée jusqu'à dire que, si une telle décision est adoptée, la France ne l'appliquera pas. « Indépendamment des débats sur le caractère cancérigène ou non du glyphosate, nous considérons, et les études nous nous disposons le montrent, que c'est un perturbateur endocrinien », soulignait-elle.