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Paludisme : la résistance au traitement confinée à l'Asie du Sud-Est

Une cartographie mondiale réalisée par l'Institut Pasteur confirme que la résistance à l'artémisinine est confinée en Asie du Sud-Est et n'a pas atteint l'Afrique. 

Paludisme : la résistance au traitement confinée à l'Asie du Sud-Est USAID Asia/Flickr




En 15 ans, la mortalité liée au paludisme a chuté de 60 %, soit quelque 6,2 millions de vies sauvées. La lutte contre cette maladie parasitaire est l’un des plus grand succès de santé publique, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Mais l’élimination complète du paludisme est aujourd’hui compromise par l’apparition de résistance au traitement de référence de l’infection à Plasmodium falciparum, l’artémisinine. Un phénomène confiné, pour le moment, à l’Asie du Sud-Est, révèle ce mercredi une étude de l’Institut Pasteur à Paris et du Cambodge publiée dans le New England Journal of Medicine.

C’est la première fois qu’une étude scientifique permet de cartographier précisément la présence de résistance à cet antipaludéen. Ces résultats sont le fruit de deux ans de travail au cours desquels le Consortium pour l’évaluation multicentrique de la résistance à l’artémisinine K13 nommé KARMA, a analysé plus de 14 000 échantillons sanguins de patients infectés par P.falciparum provenant de 59 pays (72 % d’Afrique, 19 % d’Asie, 8 % d’Amérique latine et 1 % d’Océanie).


Aucune résistance en Afrique subsaharienne

Les scientifiques étaient à la recherche de mutations dans le gène K13, déterminant majeur de la résistance au traitement. Alors que 103 mutations étaient déjà connues, dont 4 conférant une résistance, l’étude Karma a permis d’en identifier 70 nouvelles.
« Nous montrons que seul un faible nombre de mutations est associé à la résistance, ce qui devrait faciliter la surveillance de la résistance à l’artémisinine au niveau mondial », explique Odile Mercereau-Puijalon, du département des Parasites et insectes vecteurs de l’Institut Pasteur de Paris. Cette analyse génétique révèle, par ailleurs, que la mutation la plus fréquemment rencontrée en Afrique n’est pas associée à la résistance.

L’émergence de cette propriété inquiétante serait, en effet, cantonnée à l’Asie du Sud-Est. L’étude KARMA a mis au jour 2 foyers, l’un dans les régions Cambodge-Vietnam-Laos et l’autre au Myanmar-ouest de la Thaïlande-sud de la Chine. Ces derniers seraient indépendants, ce qui suggère que la lutte contre le paludisme, notamment la chasse aux moustiques vecteurs, a permis de contenir la dissémination de la résistance.


Prendre le parasite de vitesse

Reste que les scientifiques sont inquiets car l’histoire du paludisme a montré que la résistance aux traitements peut atteindre des pays du monde éloignés de milliers de kilomètres. A la fin des années 1960 en Asie du Sud-Est, une résistance à la chloroquine est apparue et s’est répandue en Afrique, entraînant des millions de morts. A l’époque, la technologie n’avait pas permis d’identifier les gènes en cause.
« Grâce aux marqueurs moléculaires, nous avons désormais la possibilité de tracer la résistance aux antipaludiques à l’échelle mondiale et quasiment en temps réel », explique Didier Ménard responsable de l’unité d’Épidémiologie moléculaire du paludisme à l’Institut Pasteur du Cambodge. Nous devons impérativement utiliser cette technologie pour prendre le parasite de vitesse et empêcher ce scénario tragique de se reproduire en Afrique ».

Selon les dernières estimations de l’OMS, 214 millions de cas de paludisme, dont 438 000 mortels, ont été constatés en 2015, principalement en Afrique subsaharienne. « La cartographie établie par l’étude KARMA est une des avancées de santé publique majeures tant attendues pour combattre le paludisme », conclut Didier Ménard.

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