C’est un espoir pour les personnes atteintes de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Des scientifiques internationaux démontrent l’efficacité d’un implant sous-rétinien pour améliorer la vue des personnes concernées. Des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne Université, du CNRS, de l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild et de l’Hôpital national des 15-20 ont participé à ces travaux, parus dans New England journal of medicine.
"La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) entraîne une perte progressive de vision chez un grand nombre de personnes âgées et aucun traitement n’est disponible pour la forme dite atrophique de cette maladie", rappellent-ils dans un communiqué. La maladie provoque la destruction de la macula, la partie centrale de la rétine. Dans les formes dites atrophiques de la pathologie, les cellules photoréceptrices disparaissent progressivement. Or, elles sont capables de capter la lumière et de transmettre des images au cerveau : leur disparition provoque la perte irréversible de la vision centrale.
DMLA : comment fonctionne l’implant sous-rétinien ?
Dans leurs travaux, les chercheurs ont testé les effets du système de neurostimulation, appelé Prima, pour restaurer la vue des personnes concernées par cette forme de DMLA. Conçu par le chercheur Daniel Palanker de l’université de Stanford, il est capable de court-circuiter les cellules photoréceptrices mortes en transformant, au niveau de la rétine résiduelle, la lumière en signaux électriques communiqués au cerveau. Il est complété par une paire de lunettes à réalité augmentée, équipées d’une caméra miniature. Les images sont ensuite transférées à un ordinateur de poche, dans lequel un algorithme améliore les images. "Puis ce flux vidéo est converti en faisceaux de rayons infrarouges, projetés en temps réel sur un implant préalablement greffé sous la rétine, précisent les auteurs. Ce dernier est destiné à remplacer les cellules photoréceptrices mortes." Cette micro-puce mesure quelques millimètres de largeur et se recharge seule, grâce à l’énergie des faisceaux infrarouges.
DMLA : les résultats encourageants de l’implant sous-rétinien
"Ce dispositif a déjà été testé chez l’animal et une première étude clinique réalisée à l’Hôpital Fondation Rothschild et aux 15-20, incluant cinq patients avait validé la possibilité de l’utiliser chez l’humain", précisent les auteurs. Cette fois, 38 patients ont reçu l’implant. Différents tests de visions ont été réalisés six puis douze mois après l’opération : ils reposaient sur la capacité des personnes à lire des lettres et des chiffres. Avant la pose de l'implant, les personnes recrutées ne parvenaient quasiment plus à lire des lettres et des chiffres. Un an après l'opération, 81 % d'entre elles lisaient au moins dix lettres supplémentaires. "Et 78 % (…) lisaient au moins 15 lettres de plus avec les lunettes, complètent les auteurs. (…) À un an, 84,4 % des participants ont déclaré pouvoir lire chez eux des lettres, des chiffres et des mots."
Pendant l’étude, des "effets indésirables" sont survenus, mais les scientifiques précisent que 95 % ont été résolus rapidement, spontanément ou par une intervention médicale. "Le bénéfice s’est révélé bien supérieur aux effets indésirables, estime José-Alain Sahel, auteur senior de cet article et chercheur international affilié à l’Inserm, à l’Institut de la vision (CNRS/Inserm/Sorbonne Université), à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild ; à l’Hôpital national des 15-20 ; à Sorbonne Université et à l’University of Pittsburgh School of Medicine. Jusque-là, d’autres types d’implants sous-rétiniens avaient été développés, apportant un bénéfice bien moindre. C’est la première fois qu’un système permet à des patients ayant perdu la vision centrale de se remettre à lire des mots, voire des phrases, tout en préservant la vision périphérique."



