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Vascularites

Vascularites : fièvre, fatigue et souffrance d’organes

Les vascularites sont des maladies inflammatoires auto-immunes qui touchent la paroi des vaisseaux sanguins, et en particulier les artères, de façon plus ou moins diffuse, avec un risque d'obstruction et de souffrance ou de nécrose des différents organes qui sont irrigués par les vaisseaux sanguins touchés.

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Quels sont les critères de pronostique des vascularites ?

Un score en 5 points détermine la gravité potentielle d’une vascularite à ANCA, ce qui a bien sûr des implications importantes pour le traitement. Le « Five Factor Score » (FFS) est lié aux 5 atteintes les plus graves dans les vascularites à petits vaisseaux : le cerveau avec atteinte cérébrale spécifique, le cœur (cardiomyopathie spécifique), l’intestin (atteinte digestive sévère avec zones d’ischémies et de nécroses éparses de l’intestin), l’insuffisance rénale (avec créatininémie supérieure à 140 micromoles par litre) et la présence de protéines dans les urines au-delà de 1 gramme par 24 heures (« protéinurie »). Le score à 0 est associé à un bien meilleur pronostic dans la maladie de Churg et Strauss, dans la périartérite noueuse et dans la polyangéite microscopique.

Dans les vascularites à ANCA, celles qui sont associées à des ANCA de type anti-MPO rechutent moins que celles qui sont associées des ANCA de type anti-PR3.

Pour mémoire, la baisse de la fraction C4 du complément est un signe d’activité dans les vascularites à complexes immuns.

Quels sont les principes du traitement d’une vascularite ?

Plusieurs traitements médicamenteux sont utilisés au cours des vascularites, dans le but de réduire l'inflammation présente dans la paroi des vaisseaux sanguins. 

La stratégie thérapeutique inclut bien évidemment l’arrêt de l’exposition éventuelle à des médicaments ou des toxiques inducteurs, ainsi que le traitement de l'infection causale ou du cancer sous-jacent, s'il y a lieu, avant de débuter rapidement la corticothérapie, par voie veineuse ou orale à forte dose, associée à la prescription d'un traitement immunosuppresseur (cyclophosphamide, azathioprine, mycophénolate mofétil, méthotrexate, rituximab) en traitement d'induction. 

Le traitement classique repose sur un traitement à base de corticoïdes, associés ou non à un traitement immunosuppresseur. Il s’organise en « traitement d’attaque ou d’induction » pour mettre le malade en rémission, et « traitement d’entretien » pour prévenir les rechutes. Le traitement d'entretien est mis en place une fois le traitement d'induction terminé et la rémission obtenue, afin de la pérenniser (méthotrexate, azathioprine, rituximab). Les corticoïdes et les traitements immunosuppresseurs sont généralement utilisés pendant une durée d’au moins un an.

Un traitement anticoagulant ou antiagrégant peut être discuté si d'autres facteurs de risque de thrombose sont associés à la vascularite. En cas de traitement immunosuppresseur important, un traitement antibiotique pour prévenir les infections opportunistes (« traitement prophylactique ») peut être nécessaire. Le Bactrim® est le traitement prophylactique le plus utilisé.

Quels sont les traitements immunosuppresseurs les plus utilisés ?

Différents immunosuppresseurs sont utilisés selon le type de vascularite et la gravité de la maladie. Ils relèvent d’une décision prise dans les centres de traitements spécialisés, les centres de référence des vascularites, où les malades ont le plus de chance de bénéficier des dernières innovations thérapeutiques et des soins les plus appropriés. 

Le cyclophosphamide a longtemps été le traitement immunosuppresseur de référence en traitement d'induction, où il est utilisé avec les corticoïdes à forte dose par voie intra-veineuse, avant un relais par un autre immunosuppresseur dans les formes sévères, notamment dans les granulomatoses avec polyangéite où la survie moyenne sans traitement est évaluée à 6 mois. 

Le rituximab est désormais validé comme traitement d'induction des vascularites à ANCA, pour lesquelles il représente une alternative au cyclophosphamide aussi, voire plus, efficace, sans dispenser d'un traitement d'entretien. L'intérêt du rituximab en traitement d'entretien est aussi établi par rapport à l’azathioprine et les modalités exactes de son administration sont encore en cours de définition. Le rituximab peut également être proposé dans les vascularites cryoglobulinémiques associées au VHC, en cas d'échec du traitement antiviral ou de forme sévère. 

Les immunoglobulines intraveineuses sont indiquées de manière précoce dans la maladie de Kawasaki où elles ont changé radicalement le pronostic de la maladie en diminuant drastiquement l'incidence des anévrismes coronariens. 

Les échanges plasmatiques sont indiqués en traitement d’attaque en cas d'insuffisance rénale sévère et peut-être en cas d'hémorragie alvéolaire. Dans la périartérite noueuse liée au virus de l’hépatite B (VHB), l'association d'une brève corticothérapie à forte dose, d'échanges plasmatiques et d'un traitement antiviral donne d'excellents résultats thérapeutiques, sans nécessité d’immunosuppresseurs.

Dans le cas des vascularites associées à une maladie infectieuse, comme l’infection de l’hépatite C, l’éradication de l’agent infectieux est le plus souvent une étape indispensable dans la prise en charge thérapeutique, avec souvent une moindre utilisation des traitements à base de cortisone ou immunosuppresseurs.

Plusieurs études prospectives contrôlées sont actuellement en cours dans l'artérite à cellules géantes (maladie de Horton) pour réduire la quantité de corticoïdes nécessaires avec le tocilizumab (anti-IL6R). Le méthotrexate est parfois également utilisé dans cette indication, mais paraît nettement moins efficace.

Un autre anticorps, anti-IPDE-5, est en cours d’évaluation dans la maladie de Behçet réfractaire aux corticoïdes.

Quelle est l’évolution sous traitement des vascularites ?

Grâce aux « traitements d'attaque » ou « d'induction » réalisés suffisamment tôt dans le cours évolutif de la maladie, les problèmes et les symptômes en rapport avec la vascularite régressent le plus souvent et permettent d'obtenir la rémission de la maladie, c'est-à-dire l’absence de signe d'activité de la vascularite sous traitement. 

Il est cependant nécessaire de poursuivre un « traitement d'entretien » sur le long cours afin de réduire le risque de rechutes de la maladie, variable selon le type de vascularite. Un suivi régulier des patients est donc justifié pendant de nombreuses années.

Les médicaments utilisés au cours des vascularites peuvent entraîner des effets indésirables. Les effets indésirables des corticoïdes sont dépendants de la dose et de la durée d'administration. Il s'agit le plus souvent d'une prise de poids avec une accumulation de graisses au niveau de certaines zones du corps, d'un déséquilibre du taux de sucre dans le sang, d'une hypertension artérielle, d'une fragilité des os (« ostéoporose »), de troubles de l'humeur et du sommeil et d'une augmentation du risque des infections.

Les immunosuppresseurs ont tous en commun une augmentation du risque d'infections justifiant une surveillance particulière des patients, et une consultation en urgence chez son médecin traitant en cas de fièvre. Dans certaines vascularites, elles-mêmes responsables d’une vulnérabilité aux infections opportunistes, il peut être nécessaire de mettre en place un traitement préventif (« prophylactique ») de ces infections par le Bactrim® pendant la durée du traitement immunosuppresseur. Les autres effets indésirables sont variables en fonction du type d'immunosuppresseur. Le cyclophosphamide peut entraîner des inflammations de la vessie (nécessité d’administrer un antidote lors de la perfusion en traitement d’attaque) et diminuer la fertilité chez les femmes en âge de procréer. Le rituximab peut donner des réactions allergiques pendant et au décours de la perfusion. L'azathioprine et le méthotrexate peuvent donner des atteintes du foie et une baisse des globules rouges et globules blancs.

Comment surveiller le traitement d’une vascularite ?

Le suivi des personnes souffrant de vascularite se fait par des médecins spécialisés dans la prise en charge de ces maladies. La surveillance doit se faire de manière très régulière afin de s'assurer de l'efficacité et de la bonne tolérance du ou des traitements prescrits et de l’absence de signe de rechute. 

Cette surveillance est clinique, mais également biologique avec des analyses de sang et d'urines. Elle peut nécessiter des examens d’imagerie : radiographies, échographies, scanners ou imageries par résonance magnétique (IRM).

Quand faut-il devancer un rendez-vous et consulter en urgence ?

Certains signes cliniques ou biologiques nécessitent une consultation en urgence. Ils sont, bien sûr, variables selon le type de vascularite, mais certains problèmes peuvent mettre en jeu le pronostic vital ou le pronostic fonctionnel de l'organe atteint. 

Il faut donc consulter un spécialiste en urgence en cas de difficultés respiratoires, de crachats sanglants, de douleurs intenses du ventre avec ou sans saignement intestinal, de troubles neurologiques à l'origine de perturbations de la force musculaire ou de baisse de la sensibilité nerveuse ou d’insuffisance rénale dont témoigne l’augmentation de la créatininémie sur le bilan sanguin.