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Sans restriction des lipides avant 3 ans

Le lait maternel protège du risque d'obésité à long terme

Par Bruno Martrette

Sii l’on prend en compte l’alimentation de l'enfant après la période d’allaitement, le rôle protecteur du lait maternel sur le risque de surpoids se prolonge à 20 ans.

Vladimir Godnik / Mood /REX/SIPA

A la question faut-il allaiter son enfant ou bien se contenter du lait en poudre, la réponse penche une fois de plus vers la première proposition. Une équipe de chercheurs de l'Inserm vient de montrer cette fois-ci que l’allaitement avait un effet protecteur sur le risque d’obésité à 20 ans. Les chercheurs soulignent également que les apports nutritionnels à l’âge de deux ans sont déterminants pour assurer cet effet bénéfique. Les résultats de cette étude sont publiés ce jeudi dans The Journal of Pediatrics.

L'effet bénéfique de l'allaitement apparait nettement
Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle de l'Inserm (1) a mené l'enquête sur 73 enfants. La Cohorte « ELANCE » a ainsi débuté, il y a plus de vingt ans, auprès d’enfants en bonne santé, nés entre 1984 et 1985, recrutés dans les centres de bilans de santé de l’enfant.
Les informations sur l’allaitement ont été recueillies et les apports nutritionnels ont été évalués aux âges de 10 mois et  2 ans, puis tous les deux ans jusqu’à l’âge de 20 ans. A cet âge, plusieurs mesures ont été relevées dont la taille, le poids, et la composition corporelle (mesures de la masse maigre et de la masse grasse évaluées par impédancemétrie).
Contactée par la rédaction de pourquoidocteur, Marie Françoise Rolland-Cachera, ancienne chercheuse à l'Inserm et co-auteure des travaux, confie que « les résultats de cette étude sont sans appel. » Pour la première fois, ils montrent que l’effet bénéfique de l’allaitement apparait « nettement » lorsque l’on prend en compte les apports nutritionnels jusqu’à 2 ans et est significativement associé à une diminution de la graisse corporelle à 20 ans. 
Par ailleurs, dans le modèle statistique, « les apports élevés en lipides à 2 ans sont associés à une diminution de la masse grasse à 20 ans », précise la scientifique.

Ecoutez Marie Françoise Rolland-Cachera : « Le fait de restreindre les lipides au début de la vie est un facteur de risque de surpoids plus tard. Si ces apports sont insuffisants, l'effet bénéfique de l'allaitement sur l'obésité à 20 ans disparaît. »



Pourquoi la restriction des lipides dérègle le métabolisme de l'enfant

Pour cette raison, Marie Françoise Rolland-Cachera s'étonne toujours que l’alimentation des jeunes enfants est souvent caractérisée par des apports élevés en protéines et faibles en lipides, « or le lait maternel est riche en graisse et contient une faible proportion de protéines », ajoute-t-elle.
A ce titre, elle rappelle que ces habitudes sont en plus en contradiction avec les recommandations officielles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui disent que les lipides ne doivent pas être restreints chez les jeunes enfants afin de répondre à leurs besoins élevés en énergie pour la croissance et pour le développement rapide de leur système nerveux.
En particulier, les laitages allégés, qui comportent peu de lipides et une proportion élevée de protéines, ne sont pas indiqués avant l’âge de 2-3 ans. « Une restriction des lipides peut en effet programmer le métabolisme de l’enfant pour faire face au déficit, mais cette adaptation  le rendra plus susceptible de développer un surpoids lorsque les apports lipidiques augmenteront plus tard », conclut Marie Françoise Rolland-Cachera. 

Ecoutez Marie Françoise Rolland-Cachera, co-auteur des travaux : « La restriction des lipides au début de la vie favorise une résistance à la leptine plus tard. Cette hormone qui régule le poid et l'appétit n'aura donc plus d'effet à l'âge adulte...»

 
(1) Unité mixte de recherche 1153 “Epidémiologie et Biostatistique"