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Bientôt en grandes surfaces

Tests de grossesse : les pharmaciens perdent leur monopole

Par Julian Prial

Le 13 février 2014, l'Assemblée nationale a définitivement adopté l'article autorisant la vente des tests de grossesse et d'ovulation en grande surface. Les pharmaciens craignent le risque de faux négatif.

POUZET/SIPA
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« Les tests de grossesse en grande surface, un mauvais service rendu aux femmes ! » C'est le titre du dernier communiqué de presse publié il y a quelques jours par l'Académie nationale de pharmacie. Pourtant, cette mesure devrait bientôt entrer en vigueur. Jeudi 13 février, l’Assemblée nationale a en effet adopté définitivement le projet de loi « Consommation » qui autorise la vente des tests de grossesse et d’ovulation en grande surface (article 38 du texte adopté).

Le risque de faux négatif
L'Académie nationale de Pharmacie considère tout d'abord que cette loi repose sur des arguments non seulement "fallacieux" mais "dangereux" pour la santé publique, plus particulièrement pour les femmes très jeunes ou en situation précaire. « La perte d’un interlocuteur, professionnel de santé et de terrain, marque un recul important en matière de santé publique », précise le communiqué.
Pour ces pharmaciens, l’expérience actuelle en officine montre que l’information sur la notice et l'emballage peut ne pas suffire pour garantir la sécurité d'usage de ces tests, «  surtout quand il s'agit de très jeunes femmes en désarroi ou de femmes en situation précaire pour lesquelles une information personnalisée s'impose. »
Et selon ces professionnels de santé, le risque principal est clairement identifié. Il s'agit du test faussement négatif qui peut exister «  si ce test est pratiqué trop précocement, avec en conséquence, une découverte tardive de la grossesse et le recours à un avortement, beaucoup plus lourd psychologiquement et coûteux. »

Pour toutes ces rasions, l'Académie nationale de Pharmacie préconise le retour aux dispositions antérieures et le maintien de la vente exclusive des auto-tests de grossesse dans le circuit officinal.

Faire baisser les prix des tests de grossesse
Interrogé sur le sujet début septembre 2013, Benoît Hamon, ministre de la Consommation, confiait que cette mesure s’inscrit dans la logique du texte qui consiste à « agir dans tous les domaines où la clientèle est maintenue captive ».  
Sur l’antenne de RMC, il avait indiqué que l’ « on pourrait faire baisser considérablement les tarifs de ces tests, s'ils étaient vendus hors des pharmacies. »
Et Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning familial, d'enfoncer le clou en indiquant à la même époque que, « les tests de grossesse bientôt en grande surface, c'est tant mieux pour l'autonomisation des femmes dans la maîtrise et le suivi de leur fécondité. Cela permettra d’améliorer l’accessibilité de ces tests, si ce n’est par le coût, du moins par le lieu : en France, on est souvent plus proche de supérettes ou de supermarchés avec des rayons de parapharmacie que de pharmacies, qui dépendent du nombre d’habitants. »