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Mise en garde de l'ANSM

Un anti-ulcéreux utilisé pour déclencher l'accouchement

Par Bruno Martrette

L'ANSM met en garde les gynécologues contre l'utilisation détournée d'un anti-ulcéreux, le Cytotec. Utilisé pour déclencher les accouchements il peut se révèler parfois dangereux pour la femme et son bébé.

MIGUEL GOMEZ/AP/SIPA/AP/SIPA
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« On s'en est sorti de justesse ». Voilà les mots d'Aurélie, 31 ans, dans le quotidien 20 minutes, une femme en colère qui souhaite à présent alerter les futures mamans contre les dangers du Cytotec. En novembre 2010, lors de son accouchement, on lui a administré du Cytotec pour accélérer la délivrance. Résultat, des contractions plus fortes, le coeur du bébé qui ralentit, et l'utérus de la maman se déchire. Aujourd'hui, le petit Timéo souffre d'un handicap moteur. Ce médicament mis en cause par de nombreuses mamans ayant accouché dans les mêmes circonstances que cette jeune femme bénéficie pourtant d'une autorisation de mise sur le marché. Mais, pour une toute autre utilsation. 

 

Le Cytotec a obtenu en France une AMM en 1986. Il est actuellement indiqué notamment dans le traitement de l’ulcère gastrique ou à titre préventif des lésions gastriques et des complications graves induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme par exemple l'ibuprofène). Pourtant, l’ANSM a pris connaissance d’un usage hors AMM de Cytotec en obstétrique pour déclencher l’accouchement à partir de 37 semaines d’aménorrhée. Mais aussi pour favoriser l'expulsion du fœtus dans le cas d'IVG ou de fausse-couche. Or, à ce jour il n’y pas de données de sécurité d’emploi qui présagent d’un rapport bénéfice/risque favorable du Cytotec dans cette indication, quelle que soit la voie d’administration. De plus, d'après les récits de nombreuses mamans, cette utilisation hors AMM pourrait même entraîner des effets indésirables graves pour la mère et l’enfant comme des ruptures de l'utérus, des hémorragies ou des anomalies du rythme cardiaque du foetus. 

 

Afin d'éviter un nouveau scandale sanitaire, l'ANSM a mis en garde le lundi 25 février via un communiqué, les gynécologues contre cette utlisation hors AMM dangereuse. Pour le Pr Joseph Emmerich, directeur de la direction des médicaments en cardiologie, endocrinologie, gynécologie, et urologie de l'ANSM, le message aux gynécologues est clair, plus d'utilisation du Cytotec hors AMM.

 

Ecoutez le Pr Jospeh Emmerich, directeur à l'ANSM: « Ce médicament n'a aucune AMM dans aucune indication gynécologique. Compte tenu du risque d'évènements indésirables graves, nous avons mis en garde les gynécologues... »

 

De plus, le Pr Joseph Emmerich le rappelle, d'autres médicaments existent pour faciliter les accouchements. Couramment utilisés, ils ne présentent eux, contrairement au Cytotec aucun danger, pour la mère et l'enfant.

 

Ecoutez le Pr Joseph Emmerich, directeur à l'ANSM: "Pour les déclenchements d'accouchements, il y a d'autres possibilités et d'autres molécules utilisées couramment avec une AMM et, c'est celles-là qui doivent être privilégiées"

 

Après Diane 35, le Cytotec fait donc partie d'une longue liste de médicaments détournés de leur indication principale. Pour preuve, la mise en garde de l'ANSM du lundi 25 février concerne également le Gymiso, un médicament qui contient la même molécule que le Cytotec et « qui ne doit pas être utilisée dans le déclenchement artificiel du travail » conclut l'Agence.