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Produits organochlorés

Pesticides : craintes sur le sperme des ados exposés

Par Ambre Amias

Le sperme des adolescents qui ont été exposés aux pesticides organochlorés présente des anomalies à l’âge adulte, selon une étude.

DURAND FLORENCE/SIPA
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Les dégâts à long terme des pesticides n’ont pas fini de faire couler l'encre des scientifiques. Cette fois, des chercheurs se sont penchés sur la qualité du sperme des adultes exposés aux pesticides organochlorés au cours de leur adolescence. Les résultats de cette petite étude ont été publiés dans la revue Environmental Health Perspectives.

Des pesticides interdits mais persistants

Les pesticides organochlorés, issus de l’industrie du chlore, ont été introduits dans les années 1940 en France. La plupart sont interdits sur le territoire du fait de leur caractère fortement polluant et persistant dans l’environnement. Ainsi, parmi eux, on peut citer le PCB ou le DDT, banni depuis 1972, mais dont les résidus continuent encore aujourd’hui de contaminer les sols, les cultures et les aliments qui en sont issus.

Pour les besoins de l’étude, les auteurs ont analysé les échantillons de sperme de 90 hommes âgés de 22 à 44 ans ayant habité au cours de leur adolescence dans les Iles Féroé, un archipel danois situé au-dessus de l'Écosse dans l'Atlantique nord, où l’exposition aux pesticides organochlorés est plus élevée que la normale du fait de la forte consommation de poissons (y compris de baleine) par la population. Au sein de ce groupe, 33 hommes avaient déjà subi des analyses sanguines lorsqu’ils avaient 14 ans.

Des chromosomes en surnombre dans les spermatozoïdes 

Les scientifiques ont utilisé une technique d’imagerie pour identifier dans le sperme d’éventuels signes de disomie – une anomalie caractérisée par un surnombre de chromosomes dans les spermatozoïdes, associée à l’infertilité.

Or, selon leurs observations, les hommes dont les échantillons sanguins contenaient de fortes doses de DDT et de PCB à l’adolescence et à l’âge adulte présentaient un taux de disomie plus élevé que ceux ayant été faiblement exposés à ces pesticides.

Pour les auteurs, ces résultats indiquent qu’il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant d’autoriser l’usage d’un pesticide. « Cette étude suggère que tout décision liée à l’introduction d’un produit chimique biologiquement actif dans l’environnement doit être prise avec beaucoup de précautions, puisqu’il peut y avoir, un jour ou l’autre, des conséquences imprévues », écrivent-ils.

Si le lien souligné dans l’étude reste de l’ordre de l’association – et non de la causalité – les scientifiques estiment urgent de s’appuyer sur ce type de travaux pour mieux comprendre l’impact de l’exposition aux pesticides sur la qualité du sperme des hommes.