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Sous le dôme

Chine : un documentaire sur la pollution affole la Toile

Par Arnaud Aubry

Un documentaire diffusé gratuitement sur Internet depuis le 28 février a réussi à mettre la question de la pollution atmosphérique au centre du débat en Chine.

CHINE NOUVELLE/SIPA

En quelques jours, il est devenu un des sujets les plus discutés de Chine : « Sous le dôme, enquête sur le brouillard chinois » a été plus de 30 millions de fois sur Youku (le YouTube chinois) et même 155 millions de fois sur Weibo, un site chinois de micro-blogging. Ce documentaire met en scène l’investigation de Chai Jing, une ancienne présentatrice star de la télévision chinoise CCTV, sur la pollution atmosphérique en Chine, et sur ses conséquences sur la santé.

Le documentaire commence par un récit personnel : Chai Jing accouche en mars 2013. Son enfant doit être opéré juste après la naissance afin de retirer une tumeur bénigne. C’est à partir de ce traumatisme que la journaliste va commencer à se préoccuper de la pollution atmosphérique. Elle commence par mettre un chiffon sur la bouche de sa fille en rentrant de la maternité, puis en vient à lui interdire de jouer dans le jardin durant certains pics de pollution, « comme un prisonnier », raconte-t-elle devant un public captivé. C’est cette approche très personnelle qui est sûrement une des clés du succès du documentaire (visible ci-dessous, avec des sous-titres en anglais).



Plus de 20 fois le plafond fixé par l'OMS

Une analyse de l’institut Health Effects estime que le « smog » chinois a été responsable de 1,2 million de morts prématurés en 2010, selon le Wall Street Journal. Il n'est pas rare que la densité de particules fines dans l’air atteigne le seuil de 568 microgrammes par mètre cube - soit plus de vingt fois le plafond fixé par l’OMS. A Pékin, l’air est tellement pollué que les véhicules doivent allumer leurs phares en pleine journée.

Au-delà de la question de la santé, la journaliste aborde d’autres thématiques, comme celle de l’économie : quand elle demande à un officiel pourquoi ne pas fermer les usines sidérurgiques les plus polluantes de la région qui entoure Pékin, il répond « Vous plaisantez ! », nous rapporte Le Monde, arguant des emplois que représentent ces fourneaux.

Le documentaire, qui a entraîné un véritable raz-de-marée de commentaires sur les réseaux sociaux chinois, a aussi fait réagir le gouvernement. Le nouveau ministre de l’environnement, Chen Jining, a ainsi expliqué avoir contacté la journaliste pour la remercier pour son travail, le comparant à celui de Rachel Carson, l’auteur de « Printemps silencieux », à l’origine du mouvement écologiste en occident.