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Dépenses de l'Assurance maladie : pourquoi elles dérapent

Par Cécile Coumau

La France n'a décidément plus les moyens de se payer des médicaments innovants et très coûteux. Pour les doux rêveurs qui n'en seraient pas encore convaincus, il suffit de lire les derniers chiffres de l'Assurance Maladie, relayés par toute la presse. En 2014, les dépenses du régime général ont progressé de 3,1%, « une croissance très forte des remboursements des produits de santé en raison de la montée en charge, tout au long de l'année, des remboursements des nouveaux traitements contre le VHC », précise l'Assurance maladie. Mais, comme le précise le Parisien, « le prix de l'un d'entre eux, le Sovaldi, du laboratoire américain Gilead, a été renégocié par le gouvernement en novembre dernier, pour atteindre 41.000 euros pour 12 semaines de traitement, contre 57.000 auparavant. »


Du côté du ministère de la Santé, la réaction ne s'est pas faite attendre : ces chiffres sont « provisoires », précise-t-on. En clair, d'ici le printemps, tout sera rentré dans l'ordre et « l'Ondam 2014 sera bien respecté ». L'objectif national des dépenses d'assurance maladie a été fixé à + 2,4%. Avec une progression de 3,1%, nous sommes donc largement au-dessus.


L'encadrement du prix du Sovaldi suffira-t-il à éviter le dérapage ? Pas sûr car, comme le souligne le Figaro, « d'autres postes de dépenses évoluent de façon inquiétante. » C'est le cas notamment des remboursements de soins infirmiers (+5,7%), de kinésithérapie (+5%). Mais, là encore, le ministère de la Santé se veut rassurant. Ces chiffres ne seraient la traduction que du virage ambulatoire que la France est en train de prendre. Autrement dit, la hausse de ces dépenses en ville devrait être compensée par une baisse des dépenses en établissement de soins de suite et de réadaptation.

Mais la liste des dépenses en hausse est longue : +4% pour les indemnités journalières, + 3,5% sur les transports sanitaires...


Déjà en octobre dernier, le comité d'alerte sur les dépenses d'Assurance maladie avait prévu que l'Ondam 2015 serait difficile à tenir, et qu'il y avait bien risque de dérapage. Les experts du comité écrivaient alors de manière très policée que "le pilotage de l'Ondam devrait être exigeant" si l'on ne veut pas sortir des clous et qu'il fallait entamer des réformes structurelles "pour infléchir durablement les dépenses". Pas sûr que le compte y soit et que le comité d'alerte ne soit pas obligé de tirer à nouveau la sonnette d'alarme.