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Institut national de veille sanitaire

Amiante : 2200 cas de cancer par an

Par Audrey Vaugrente

C’est une des crises sanitaires les plus suivies en France. L’amiante continue de faire des victimes près de 20 ans après son interdiction, avec 2 000 cancers déclarés chaque année.

Le secteur de la construction est particulièrement concerné par les cancers liés à l'amiante (John Badman/AP/SIPA)

Interdite depuis 1997, l’amiante fait toujours autant parler d’elle. Ce matériau minéral a été très utilisé dans l’industrie… et ses dégâts sont toujours aussi vivaces. 2 200 à 5 400 nouveaux diagnostics de cancers liés l’amiante sont posés chaque année. En dehors du mésothéliome pleural (cancer de la plèvre), ces cancers touchent majoritairement les poumons, le larynx ou les ovaires. Une édition thématique du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) dresse le bilan des victimes de l’amiante.

 

L’épidémie va durer

De manière générale, les cancers liés à l’amiante se manifestent plus chez les hommes : le sex ratio est de 3,4 hommes pour une femme sur la période 2009-2011. L’écart tend à se réduire, mais les diagnostics, eux, s’accélèrent. C’est particulièrement le cas du mésothéliome pleural, une tumeur maligne rare et agressive. Le nombre de cas annuel a augmenté de 736 à 1 073 cas entre 1998-2000 et 2009-2011. Cette hausse s’explique, en partie, par moins de sous-diagnostic chez la femme. Mais de manière générale, « les estimations produites n’excluent pas que l’épidémie continue de se développer, tel que prévu par deux autres études antérieures, pendant au moins une ou deux décennies dans notre pays », souligne Jean-Claude Pairon, du Centre hospitalier intercommunal de Créteil (Val-de-Marne) dans un éditorial.

 

Les hommes plus touchés

Ce BEH rappelle l’inégalité de sexes face aux cancers de l’amiante. L’exposition professionnelle est identifiée comme une cause du mésothéliome chez 92 % des hommes et 39 % des femmes. Les victimes du sexe féminin développent aussi des tumeurs plus tard.

Si l’amiante fait toujours parler, c’est parce qu’elle tue toujours autant. Le pic de la mortalité a été atteint en 2001 pour les hommes, en 2002 ou 2007 pour les femmes, souligne le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Mais la mortalité à 4 ans reste élevée : elle varie de 6 à 20 % selon les maladies. C’est l’asbestose (1) qui tue le plus, suivie de près par l’épaississement pleural (2) et la plaque pleurale (3).

 

 

Construction et automobile : des secteurs à haut risque

Les artisans retraités de sexe masculin sont les plus touchés par les conséquences d’une exposition à l’amiante. D'après un sondage auprès de 7 700 retraités du Régime social des indépendants (RSI), en moyenne, 33 ans se sont écoulés entre la première exposition et la retraite. Au total, 64 % des personnes interrogées ont été exposées à l’amiante au cours de leur carrière.

 

Le secteur de la construction est le plus touché par l’exposition professionnelle à l’amiante. Constat logique, dans la mesure où le matériau a été largement utilisé comme isolant. Un large éventail de professions est concerné, des couvreurs aux maçons en passant par les peintres en finition et les plâtriers.

Le secteur du commerce et de la réparation d’automobiles ou d’articles domestiques n’est pas épargné. Les mécaniciens en automobile sont particulièrement exposés, car le changement ou l’usinage de freins est une activité très exposante. Dans l’industrie manufacturière, les métiers liés au métal sont les plus à risque.

 

 

 

(1) Asbestose : cette affection pulmonaire grave est causée par l’inhalation de particules nocives sur le lieu de travail. L’amiante est un facteur de risque identifié. Incurable, l’asbestose se manifeste par des problèmes respiratoires, et dans 15 % des cas un grave essoufflement et une insuffisance respiratoire.

 

(2) Epaississement pleural : les fibres d’amiante inhalées peuvent se fixer sur les plèvres, qui enveloppent le poumon. Lorsqu’un tissu fibreux se forme sur la plèvre viscérale (collée au poumon), on parle d’épaississement pleural.

 

(3) Plaque pleurale : comme pour l’épaississement pleural, la plaque pleurale est causée par la fixation de fibres d’amiantes sur les plèvres. Dans ce cas, c’est la plèvre pariétale (contre la paroi thoracique) qui est touchée.

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