ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Hépatite C : des ministres européens dénoncent le coût du traitement

Un médicament à 50 000 euros

Hépatite C : des ministres européens dénoncent le coût du traitement

Par Léa Drouelle

Les ministres européens de la Santé se sont réunis en début de semaine à Milan pour protester contre le coût exorbitant du traitement contre l'hépatite C au Sovaldi. 

SIERAKOWSKI FREDERIC/ISOPIX/SIPA

En Europe de l’ouest, 5 millions de personnes sont touchées tous les ans par l’hépatite C. Et le tarif du traitement de référence Sovaldi, fabriqué par le laboratoire Gilead, fait polémique. En effet, son coût s'élève à 44 000 euros en Grande-Bretagne, 49 000 euros en Allemagne et à 56 000 euros en France. En ce début de semaine, les ministres européens de la Santé se sont réunis pour trouver une alternative à une situation dénoncée par les usagers dans plusieurs pays. Et pour cause.

En France, la facture s'élève à 800 millions par an pour l’Assurance Maladie pour 15 000 patients alors que son budget total médicament est de 24 milliards d’euros pour la même période. Du coup, tous les malades ne peuvent pas en bénéficier alors que nombre d'entre eux, issus d’un milieu défavorisé, n’ont pas les moyens de se payer le traitement. De plus, le coût de fabrication du médicament s’élève seulement à 2,50 euros. Ce chiffre n'inclut pas les investissements de recherche.

Un autre traitement serait aussi efficace 
De son côté, le député socialiste, Gérard Bapt, membre de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale, a décidé non pas de faire un procès au laboratoire Gilead mais de l’attaquer directement sur son terrain, en s’adressant à la concurrence.
Dans un courrier adressé à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ce dernier remarque que le traitement proposé par le laboratoire Abbvie présente une « efficience comparable pour les patients avec, comme le Sovaldi, un taux de guérison de 90 à 100 %. » Un traitement en attente d’homologation en Europe et aux Etats-Unis qui pourrait coûter moins cher, mais qui ne bénéficie pas encore d’une autorisation de mise sur le marché », s’étonne le parlementaire dans sa lettre à l’ANSM. Si celle-ci n’est pas délivrée, Gérard Bapt réclame une « licence obligatoire » pour le Sovaldi.

 Le laboratoire Gilead se justifie en prétendant faire payer les riches pour aider les pauvres. «  Si le coût était amorti sur toute la durée de la vie, ou sur vingt ou trente ans, le coût du traitement par année serait de l’ordre de 2 000 euros par an, et le débat actuel n’aurait pas lieu. » se défend le directeur Michel Joly dans un entretien avec Les Echos. La rentabilité d'un médicament , c'est-à-dire avant que son brevet ne tombe dans les domaine public, n'excède pas 10 ans.