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Mis au point par une équipe américaine

Chikungunya : un vaccin efficace chez l'homme

Par Julian Prial

Des chercheurs américains ont mis au point un vaccin prometteur contre le virus du chikungunya. Après la seconde injection, tous les participants avaient développé des niveaux importants d'anticorps.

Toby Talbot/AP/SIPA

Un vaccin pourrait-il venir en aide aux populations vivant dans les zones où le moustique Aedes albopictus est implanté ? C'est en tout cas ce que laissent croire des médecins américains qui viennent de mettre au point un vaccin prometteur contre le virus du chikungunya. En effet, testé pour la première fois chez l'homme, celui-ci a obtenu des résultats jamais démontrés jusqu'à présent, indique une étude publiée ce vendredi dans la revue médicale britannique The Lancet.

Un réponse immunitaire dès la première injection
D'après les travaux en question, il s'agit d'un vaccin à pseudo-particules virales (VLP). Il a été testé sur 25 volontaires sains dans le cadre d'un essai clinique de phase 1 destiné à tester l’innocuité du produit. 
Les volontaires ont donc reçu trois injections du vaccin au total. En détails, trois dosages ont été testés. Seul un volontaire a reçu toujours le même dosage. Côté résultats, le vaccin a été globalement bien toléré, et les volontaires ont pour la plupart développé une réponse immunitaire dès la première injection. Mieux encore, après la seconde injection, tous avaient développé des niveaux importants d'anticorps.
« Onze mois après la vaccination, les niveaux d'anticorps étaient comparables à ceux observés chez des personnes ayant récupéré après une infection par le chikungunya, ce qui semble indiquer que le vaccin VLP pourrait assurer une protection à long terme contre le virus », a déclaré auprès de l'AFP le Dr Julie Ledgerwood du National Institute of Health américain, principale auteure de cette recherche.


L'Institut Pasteur teste un vaccin combiné rougeole-chikungunya
Malgré ces résultats prometteurs, il faut rappeler qu'il n'existe pour le moment aucun traitement spécifique ni vaccin homologué contre le chikungunya, même si plusieurs équipes travaillent actuellement sur des pistes vaccinales. C'est le cas par exemple de l'Institut Pasteur qui a développé un vaccin contre le chikungunya en utilisant le vaccin de la rougeole comme support.
Un premier essai sur l'homme, mené l'an dernier sur 42 volontaires sains par la société autrichienne Themis Bioscience (qui a acheté la licence), a démontré l'innocuité du vaccin combiné rougeole-chikungunya, ainsi que « sa capacité à induire une immunité sur le long terme », a déclaré à l'Agence France Presse le Pr Philippe Desprès qui a participé à l'élaboration du vaccin mis au point par l'équipe de génomique virale et vaccination dirigée par Frédéric Tangy.
Maintenant, ce produit va désormais devoir être testé en zone endémique, « ce qui nécessitera des investissements beaucoup plus importants », a conclu le Pr Desprès. Tout en soulignant que l'Institut Pasteur espère également pouvoir développer une version pédiatrique qui pourrait être utilisée dès l'âge de 9 mois.

Pour rappel, huit mois après les débuts de l'épidémie, 135 425 personnes ont déjà été touchées par le virus du chikungunya aux Antilles françaises. Trente et une d'entre elles sont même mortes des suites de cette maladie dans ces collectivités ou départements français. En Guyane, l'épidémie serait même en train de s'intensifier.