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Etude britannique sur 6 hivers

Une personne grippée sur 4 n’a aucun symptôme

Par Afsané Sabouhi

En cas de grippe, seules 17% des personnes sont suffisamment malades pour consulter un médecin, révèle une étude. La surveillance des épidémies ne reflète donc qu’une toute petite partie de l’iceberg.

J.M. Guyon - Copyright 2/AP/SIPA

Alors que les systèmes de surveillance annoncent la fin toute proche de l’épidémie de grippe 2014 dans l’Hexagone, une étude publiée dans la revue spécialisée The Lancet Respiratory Medicine révèle qu’un grand nombre de cas de grippe passent au travers de ces systèmes. Ils sont en effet basés sur le nombre de patients consultant leur médecin pour des symptômes grippaux. Or, seuls 17% des grippés ont suffisamment de symptômes pour consulter. Pour obtenir ce chiffre, les chercheurs de l’Université de Londres ont analysé les 6 saisons de grippe de 2006 à 2011 à travers 5500 Britanniques tirés au sort pour chaque année. En croisant les résultats de deux prises de sang, en début et en fin d’épidémie grippale, un interrogatoire téléphonique hebdomadaire sur les symptômes grippaux ressentis et des prélèvements d’écoulements nasaux, les chercheurs ont établi qu’à chaque épidémie saisonnière, environ 1 Britannique sur 5 est contaminé par le virus de la grippe. Mais parmi eux, les ¾ n’en ressentent aucun symptôme et seuls les 17% les plus malades font appel à un médecin.

 

La proportion de décès largement sur-estimée

« La plupart des gens ne vont pas chez le médecin lorsqu’ils se sentent grippés. Même lorsqu’ils consultent, ils sont rarement reconnus comme ayant vraiment la grippe. La surveillance, basée sur les patients qui consultent, sous-estime donc grandement le nombre de cas survenus, ce qui entraine une forte sur-estimation de la proportion de cas menant à une hospitalisation ou un décès », analyse l’épidémiologiste britannique Andrew Hayward, co-auteur de cette étude. Le chiffre d’un cinquième de la population grippé lors d’une épidémie saisonnière est en effet 22 fois plus important que le taux de grippe estimé chaque année grâce aux données du système de surveillance basé sur les généralistes.

Pour le Dr Peter William Horby, chercheur de l’Université d’Oxford, dont la revue publie simultanément le commentaire de l’étude, « la question reste de savoir dans quelle mesure ces cas d’infections grippales non symptomatiques contribuent à la transmission du virus » afin de mieux proportionner les réponses face aux futures pandémies.