- Par rapport au placebo, l’utilisation d'aspirine est liée à une hausse d’hémorragies majeures chez les adultes atteints de syndrome coronarien chronique et ayant déjà bénéficié d'une pose de stent, présentant un risque cardiovasculaire élevé et prenant des anticoagulants.
- La mortalité toutes causes confondues est aussi plus élevée chez ces patients sous aspirine.
- L'utilisation de l'aspirine est donc déconseillée dans ce contexte et les résultats de l’étude doivent être pris en compte dans les futures recommandations.
"Après l'implantation d'un stent, de nombreuses personnes souffrant du syndrome coronarien chronique présentent un risque élevé de futurs événements cardiovasculaires en raison de pathologies, telles que le diabète, l'insuffisance rénale chronique et la maladie multiviscérale diffuse, et certains nécessitent des traitements anticoagulants à long terme, notamment en raison d'une fibrillation auriculaire. La gestion du risque d'événements cardiovasculaires supplémentaires chez ces patients est complexe et les données d'essais cliniques sont limitées pour guider la stratégie antithrombotique optimale", selon des chercheurs français.
Anticoagulants et aspirine : est-ce compatible ?
C’est pourquoi, ces derniers ont réalisé une étude afin de tester l'efficacité et la sécurité de l'ajout d'aspirine à la prise d’anticoagulants. Cette combinaison est largement utilisée pour cette population à haut risque en pratique clinique. Pour les besoins des recherches, publiées dans la revue New England Journal of Medicine, l’équipe a recruté 872 adultes atteints du syndrome coronarien chronique ayant bénéficié d'une implantation de stent, présentant un risque athérothrombotique élevé et recevant actuellement un traitement anticoagulant oral à long terme.
Selon les données, un risque athérothrombotique élevé a été défini comme un antécédent d'intervention coronarienne percutanée lors d'un syndrome coronarien aigu ou un antécédent d’intervention coronarienne percutanée en dehors du contexte de cette maladie, mais avec des facteurs de risque élevés tels que le diabète, une maladie rénale chronique, une atteinte multivasculaire diffuse (atteinte de trois vaisseaux coronaires), un antécédent d’intervention coronarienne percutanée complexe ou une artériopathie périphérique.
Hémorragies, décès… La prise d’aspirine accroît le risque chez les patients atteints de syndrome coronarien chronique
Au cours de l’intervention, 433 participants ont reçu 100 mg d’aspirine une fois par jour et le reste des volontaires ont bénéficié d’un placebo. L'essai a été interrompu prématurément sur les conseils du comité indépendant de surveillance des données et de la sécurité après un suivi moyen de 2,2 ans en raison d'un excès de mortalité toutes causes confondues dans le groupe ayant pris aspirine. La mortalité toutes causes confondues était également significativement plus élevée chez les patients sous aspirine que sous placebo (13,4 % contre 8,4 %).
Les résultats montrent que le risque d’hémorragies majeures est plus de trois fois plus élevé dans le groupe ayant reçu de l’aspirine. Au total, 467 et 395 effets indésirables graves ont été rapportés respectivement dans les deux groupes. "L’utilisation d’aspirine est donc à déconseiller. (…) Nos travaux pourront être pris en compte dans les futures recommandations de l’European Society of Cardiology (ESC) afin de compléter les recommandations actuelles, qui sont basées sur un consensus d'experts."


