- Le gouvernement français souhaite interdire l’exposition des enfants de moins de trois ans aux écrans, à la maison comme dans les structures d’accueil.
- Cette mesure vise avant tout à instaurer une norme sociale, à l’image de l’interdiction de la fessée.
- Appuyée par un consensus scientifique sur les effets délétères des écrans, cette initiative s’accompagne d’un dispositif d’information à destination des parents.
L'exposition des tout-petits aux écrans fait l'objet d'une inquiétude croissante. Alors que les effets néfastes sur leur santé et leur développement intellectuel sont dénoncés de longue date par la communauté scientifique, le gouvernement veut agir. Dans un entretien au JDD, la ministre de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, a annoncé vouloir interdire les écrans pour les enfants de moins de trois ans.
Un changement de paradigme sociétal
"Nous allons interdire l'exposition aux écrans pour les plus petits, de la naissance à l'âge de 3 ans", affirme la ministre. Elle précise que cette interdiction devra s'appliquer "partout, y compris à la maison", tout en reconnaissant que les autorités "ne sont pas chez les gens pour le vérifier". L'objectif n'est donc pas de sanctionner, mais de poser une norme sociale : "C'est une façon d'insuffler l'idée que ça ne se fait pas", explique-t-elle, en établissant un parallèle avec l'interdiction de la fessée.
Dès les prochaines semaines, un arrêté interdira les écrans dans les lieux d'accueil d'enfants de moins de trois ans. En parallèle, des campagnes d'information viseront à sensibiliser les parents, via la Caisse d'allocations familiales et la Caisse d'assurance maladie. Des rappels figureront également dans le carnet de santé. Ce dernier, mis à jour au 1er janvier, stipule déjà "pas d'écran avant trois ans", et recommande entre trois et six ans un usage "occasionnel, limité à des contenus à qualité éducative et accompagné par un adulte".
Vers un nouveau réflexe parental ?
Fin avril, un rapport d'experts remis au président Emmanuel Macron appelait à une "prise de conscience collective". Selon ce document, l'exposition précoce aux écrans – télévisions, tablettes, téléphones ou jeux vidéo – "altère durablement la santé et les capacités intellectuelles" des jeunes enfants. Une alerte qui vient renforcer l'urgence d'une réglementation plus stricte.
Au-delà de la loi, c'est donc bien un changement profond des habitudes familiales que vise le gouvernement. En rendant visible et explicite une règle jusqu'alors floue, Catherine Vautrin espère amorcer une réflexion sociétale : comment protéger nos enfants dans un monde saturé d'écrans ?