- Entre 2017 et 2025, la consommation de drogues et d’alcool en milieu professionnel a plus que doublé, avec une explosion particulièrement marquée de la cocaïne.
- Les travailleurs précaires, notamment les intérimaires, sont les plus exposés, en raison de conditions de travail difficiles et d’un isolement accru.
- Face à cette banalisation silencieuse, les auteurs de l’étude appellent à une prévention plus inclusive.
Les fêtards ne sont pas les seuls concernés : la consommation de drogues et d'alcool sur le lieu de travail a plus que doublé en huit ans. C'est le constat alarmant d'une récente étude publiée par iThylo, une marque de l'entreprise de dépistage Aperli, et relayée par Franceinfo. Intitulée "Révéler ce qui ne se voit pas", elle révèle qu’entre 2017 et 2025, les cas positifs aux 110.000 dépistages réalisés inopinément en entreprise ont bondi de 107 %, passant de 2,6 % à 5,3 % des salariés testés.
De la cocaïne sur les chantiers
Parmi les produits consommés, c’est la cocaïne qui enregistre la progression la plus vertigineuse : plus de treize fois plus de tests positifs en 2025 qu'en 2017. La poudre blanche, "autrefois réservée à certains milieux festifs ou cadres urbains, [...] s’est aujourd’hui installée jusque sur les chantiers, dans les entrepôts ou les ateliers, comme en témoignent plusieurs cas groupés", explique iThylo. "On avait dépisté 24 personnes sur un site. Huit d'entre elles étaient positives à la cocaïne", illustre Jean-Jacques Cado, cofondateur et président d’iThylo.
Pour les experts, cette augmentation révèle une consommation devenue "banalisée, souvent silencieuse, parfois collective". Jean-Claude Delgennes, spécialiste des addictions en entreprise interrogé par Franceinfo, souligne : "On a des individus qui ne sont pas forcément consommateurs mais qui vont être confrontés, dans la culture de l’entreprise, à l’usage de drogues."
Le cannabis reste la substance la plus détectée (1,8 %), tandis que l’alcool, bien que plus traditionnel, présente des pics de consommation après 17 h et les vendredis, notamment chez les travailleurs de nuit. L'étude pointe également un tournant en 2022, marqué par une nette augmentation des cas positifs, rompant avec la stabilité pré-Covid. Entre 2022 et 2024, les détections d'alcool ont augmenté de 43 %, et celles de stupéfiants de 52 %.
Les travailleurs précaires les plus concernés
Qui sont les plus touchés par cette consommation de drogues ? Les "travailleurs précaires", en particulier les intérimaires. Bien qu’ils ne représentent que 15 % de l’échantillon, ils concentrent à eux seuls 25 % des cas positifs au cannabis, 31 % à la cocaïne et 18 % à l’alcool. Conditions de travail difficiles, isolement, logements temporaires ou encore horaires atypiques les rendent en effet plus vulnérables.
Pour enrayer cette dynamique, iThylo appelle à une politique de prévention des addictions inclusive, en intégrant "tous les statuts des salariés", y compris les intérimaires. Elle doit aussi être "adaptée aux réalités du terrain", "confiée à des intervenants qualifiés et légitimes". Objectif : "révéler ce qui ne se voit pas", à travers des dispositifs d'écoute et de retour d'expériences.