- Le congrès Asco 2025 met en lumière des avancées majeures dans la lutte contre le cancer, notamment grâce à l’intelligence artificielle, aux biopsies liquides et aux vaccins thérapeutiques personnalisés.
- Ces innovations permettent des diagnostics plus précis, une anticipation des résistances aux traitements et une réduction potentielle des traitements lourds.
- L’oncologie entre ainsi dans une nouvelle ère, plus ciblée, préventive et adaptée à chaque patient.
C'est un rendez-vous que le monde de l'oncologie attend chaque année avec impatience : l'ASCO (American Society of Clinical Oncology), le plus grand congrès international sur le cancer, s'est tenu à Chicago du 30 mai au 3 juin. Près de 40.000 spécialistes y ont partagé des innovations majeures. Au centre de l'attention : l'intelligence artificielle (IA), les biopsies liquides et les vaccins thérapeutiques. De quoi dessiner les contours de traitements plus ciblés et plus personnalisés.
L'IA au service du diagnostic et des décisions cliniques
L’IA s'impose comme un outil décisif pour affiner le diagnostic et guider les traitements. Une étude présentée lors du congrès a montré qu’elle améliorait nettement la précision de la détection du cancer du sein HER2 (environ 15 % des cancers mammaires), passant de 66,7 % à 88,5 %. L’IA intervient aussi dans l’analyse des IRM post-chimiothérapie pour les cancers du sein triple négatif : couplée à des données biologiques, elle pourrait un jour aider à éviter certaines chirurgies, sans perte de chance pour les patientes.
Les biopsies liquides, simples prises de sang, permettent de détecter très tôt les mutations rendant un traitement inefficace. Le Pr François-Clément Bidard, de l’Institut Curie, l’a démontré dans l’essai SERENA-6 : "On anticipe l’échappement et on peut agir avant que la situation ne se détériore." Cela concerne 40 % des cancers du sein hormonodépendants métastatiques.
Des vaccins personnalisés aux résultats spectaculaires
Dans les cancers ORL, l'essai de phase 1 sur le vaccin individualisé TG4050 a révélé un taux de rechute nul chez les patients vaccinés, contre 20 % dans le groupe non vacciné. Ce vaccin est conçu à partir du profil génétique de chaque tumeur, grâce à l'IA. "La vaccination thérapeutique individualisée est un vrai espoir", affirme le Pr Christophe Le Tourneau dans un communiqué de l’Institut Curie. Ce dernier teste aussi un vaccin pour le cancer du pancréas métastatique, dans le cadre de l’essai TEDOPaM, avec des résultats jugés encourageants.
Des traitements plus ciblés, moins lourds
L’essai Midas, porté par le CHU de Toulouse, explore une immunothérapie dans le myélome multiple (un cancer de la moelle osseuse qui touche 6 000 nouveaux patients chaque année) pouvant remplacer une greffe de moelle osseuse. Pour les cancers du poumon à petites cellules, très agressifs, le tarlatamab a montré une survie prolongée (13,6 mois contre 8,3 avec la chimiothérapie) et des effets secondaires réduits.
L’objectif n’est plus seulement de traiter, mais de mieux traiter, selon les experts. Un test d’ADN tumoral circulant personnalisé, mis au point par l’Institut Curie, pourrait éviter des traitements inutiles après chirurgie pour certaines patientes atteintes de cancer du sein triple négatif. Une IRM combinée à l’analyse IA permettrait aussi d’envisager, à terme, une chirurgie moins invasive.