- L’ajout d’une immunothérapie à la chimiothérapie avant une chirurgie améliore significativement la survie des patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules, selon une étude.
- Cinq ans après le traitement, 65 % des patients ayant reçu cette combinaison sont encore en vie, contre 55 % avec la chimiothérapie seule. Un quart d’entre eux sont considérés comme guéris.
- Cette avancée souligne l’importance d’un dépistage précoce pour maximiser les chances de guérison.
Et si la combinaison de l’immunothérapie et de la chimiothérapie avant une opération chirurgicale pouvait changer radicalement le pronostic des patients atteints d'un cancer du poumon ? C’est ce que révèlent les résultats de l’essai clinique international CheckMate 816, présentés récemment à l’American Society of Clinical Oncology Annual (ASCO), un congrès dédié à la recherche et l’innovation contre le cancer organisé à Chicago, et publiés dans le New England Journal of Medicine.
Un cancer meurtrier et difficile à traiter
Avec chaque année plus de 52.000 nouveaux cas et 30.000 décès en France, le cancer du poumon reste l’un des plus redoutables. Le type "non à petites cellules" (NSCLC, pour non-small-cell lung cancer), le plus fréquent, est souvent diagnostiqué tardivement. Même chez les patients opérés, le risque de rechute reste élevé, entre 30 % et 55 %. Comme le rappelle le pneumologue Nicolas Girard de l'Institut Curie, qui a coordonné l'étude, "même chez les patients opérés, la survie est limitée".
Mené sur 358 patients atteints de NSCLC opérables, l’essai a comparé une chimiothérapie standard à une combinaison de chimiothérapie et d’immunothérapie (nivolumab) administrée avant la chirurgie. Cinq ans après, les résultats parlent d’eux-mêmes : 65 % des patients ayant reçu la double thérapie étaient toujours en vie contre 55 % pour la chimiothérapie seule. "C’est le premier essai de phase 3 démontrant que la chimio-immunothérapie néoadjuvante améliore significativement la survie globale", affirme le Professeur Girard.
Dans 25 % des cas, les cellules tumorales avaient totalement disparu au moment de la chirurgie, remplacée par des globules blancs. A noter qu’aucun de ces patients n’est décédé de leur cancer du poumon cinq ans après le traitement. Le Professeur Patrick Forde, de Trinity College Dublin, souligne dans un communiqué : "L’utilisation de l’immunothérapie avec la chimiothérapie avant la chirurgie a désormais prouvé qu’elle réduit le risque de rechute et améliore la survie à long terme".
Le dépistage, un enjeu vital
Cette avancée a déjà changé la pratique clinique : le traitement combiné est devenu la norme en France pour les patients éligibles. Par ailleurs, de nouvelles pistes sont explorées avec des traitements innovants comme les anticorps conjugués (ADC), qui couplent des molécules de chimiothérapie à un anticorps. "Les essais cliniques sont essentiels pour accéder aux traitements les plus innovants", insiste le Pr Forde.
Ces résultats confirment aussi l’importance d’un diagnostic précoce. "Plus un cancer est détecté tôt, plus les options thérapeutiques sont efficaces et les chances de guérison élevées", rappelle le Pr Girard, appelant à renforcer le dépistage organisé, notamment via l’étude Opti-Depist-Mut de l’Institut Curie, dont l’objectif est d'évaluer l’organisation et la réalisation d’un dépistage du cancer du poumon en Ile-de-France.