Diphtérie, coqueluche, hépatite B... Depuis 2018, onze vaccins sont obligatoires pour les nourrissons en France. Ils conditionnent l'accès en crèche ou en collectivité, mais ne sont plus assortis de sanctions pénales pour le parent qui les refuserait. Mais une tendance inquiétante se développe actuellement sur les réseaux sociaux : certains parents, influencés par des groupes antivaccins, brandissent une soi-disant "attestation médicale" pour tenter de déresponsabiliser l’acte vaccinal.
Une démarche sans valeur médicale ni juridique
Ce document qui circule en ligne invite les parents à le faire signer par leur médecin avant toute injection. Objectif : le rendre "co-responsable" d’éventuels "effets secondaires néfastes", souligne un article de l’AFP. Mais comme le rappelle Claire Siret, présidente de la section santé publique du Conseil national de l’Ordre des médecins, "cette attestation médicale n’a aucun intérêt et n’a aucune valeur médicale". Hervé Haas, pédiatre, abonde : "Ce document n’a strictement aucune valeur juridique". Logique, donc, que les médecins refusent de le signer.
La raison est simple : pour les vaccins obligatoires, la responsabilité des effets secondaires indésirables relève uniquement de l’Etat. Seule une faute du médecin (erreur de prescription, manquement, négligence...) pourrait engager sa responsabilité personnelle, car "le médecin est tenu à une obligation de moyens et non de résultat", selon le ministère de la Santé. En l’absence de cela, c’est l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux) qui intervient pour les personnes victimes de dommages à la suite d’une vaccination obligatoire.
Une stratégie d’intimidation qui inquiète les médecins
Pour les experts, ces fausses attestations relèvent d’une tentative d’"intimidation". "[Cela] traduit tout simplement la tendance d'un certain nombre de personnes qui sont opposées à la vaccination de mettre la pression sur les médecins pour essayer de les faire reculer", alerte Hervé Haas. Or, "le médecin est en faute s’il ne suit pas les recommandations officielles", prévient le pédiatre Robert Cohen. Le Conseil de l’Ordre rappelle que toute complaisance mène à des sanctions pénales : signer un certificat mensonger ou valider une vaccination non réalisée peut relever du faux et usage de faux.
Des effets secondaires rares mais une vraie prévention contre des maladies graves
Comme tout traitement, la vaccination peut entraîner des effets secondaires, reconnaissent les experts. "Il y a des risques à toute vaccination et des contre-indications. Ça fait partie de notre métier de les connaître et d’en informer les parents", explique Claire Siret. Robert Cohen confirme : "Chaque fois que l'on me demande: 'Est-ce que vous garantissez qu'il n'y a pas de risque ?' Je réponds que non, ça n'existe tout simplement pas en médecine."
Mais les effets graves restent très rares, tandis que les maladies prévenues par les vaccins peuvent avoir des conséquences sévères. "Il y a plus de risque d’avoir une maladie grave quand on n’est pas vacciné que d’avoir un effet indésirable grave", rappelle le site Vaccination Info Service.