- Les enfants de cinq ans exposés à la dépression paternelle sont plus susceptibles d'avoir des problèmes de comportement à l'école primaire, selon l'étude.
- Les enfants dont les papas avaient fait une dépression, étaient plus susceptibles de présenter de l'agitation et de la colère ainsi que de présenter des niveaux plus faibles de coopération et d'estime de soi.
- Prendre en charge la dépression pourrait aider à améliorer le bien-être des pères et des enfants.
"Nous devons tenir compte de la dépression chez les deux parents, pas seulement chez les mères", prévient Kristine Schmitz, professeure adjointe de pédiatrie à la Rutgers Robert Wood Johnson Medical School.
La scientifique lance cette mise en garde, car ses derniers travaux, menés avec des chercheurs des universités Princeton et Rider, ont révélé que les enfants exposés à la dépression paternelle lorsqu'ils sont en maternelle, sont plus susceptibles d'avoir des difficultés comportementales à l'âge de neuf ans.
Dépression paternelle : les enfants affichent plus de difficultés comportementales
Pour cette étude cherchant à comprendre l’impact de la santé mentale des pères sur les enfants, l’équipe a repris les données d’une cohorte qui a été échantillonnée au hasard des naissances de 20 grandes villes américaines entre 1998 et 2000. Lorsque les petits participants avaient 5 ans, il était demandé aux pères s’ils avaient eu des symptômes dépressifs au cours des 12 derniers mois. Quand les enfants avaient neuf ans, les enseignants devaient répondre à une enquête qui comprenait des évaluations comportementales.
En comparant les données de 1.422 pères (dont 74 % vivaient avec leurs enfants au moins la moitié du temps) et celles réunies sur leur progéniture, les chercheurs ont pu établir un lien clair entre la dépression paternelle et le comportement de l'enfant plus tard.
"Par exemple, les enfants dont les pères ont signalé des symptômes dépressifs, tels que se sentir triste, nauséeux ou déprimés quand ils avaient 5 ans, étaient, à l'âge de 9 ans, beaucoup plus susceptibles de présenter de l'agitation, un comportement défiant et de la colère et de présenter des niveaux plus faibles de coopération et d'estime de soi", précisent les auteurs de l’article paru dans l'American Journal of Preventive Medicine.
Repérer la dépression tôt pour aider le papa et l’enfant
Kristine Schmitz précise que plusieurs éléments pourraient expliquer ce lien entre l’exposition à la dépression paternelle dans la petite enfance et les difficultés comportementales observées en grandissant. Elle met notamment en avant que la dépression entraîne des difficultés parentales et moins de soutien émotionnel pour l'enfant. "Cela peut également provoquer des conflits ou d'autres stress à la maison", précise-t-elle.
"L'entrée à la maternelle est une étape importante du développement, et les adversités rencontrées à cette époque peuvent entraîner un engagement et des comportements plus faibles à l'école primaire qui peuvent persister ou se renforcer au collège et au lycée", notent les chercheurs.
Ainsi pour la scientifique et les autres auteurs, les résultats montrent qu’il faudrait promouvoir des interventions permettant d’identifier et de soutenir les pères souffrant de symptômes dépressifs ainsi que leurs enfants. Cela pourrait aider à atténuer les effets de la dépression aussi bien sur le papa que sur sa progéniture.
"La dépression est traitable, et pour soutenir toute la famille, les pédiatres doivent commencer à en parler avec les pères et à développer des interventions axées sur le père qui répondent à leurs besoins", conclut l’experte dans un communiqué.