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Tabagisme passif

Asthme : les parents fument, les enfants trinquent

Par Afsané Sabouhi

Pour un enfant asthmatique, être exposé à la fumée de cigarettes à domicile ou en voiture double le risque de ré-hospitalisation dans l’année.  

Vadim Ghirda/AP/SIPA

Le tabagisme passif est particulièrement nocif pour les enfants, d’autant plus lorsqu’ils souffrent déjà de maladies respiratoires comme l’asthme. Une étude menée à l’hôpital pédiatrique de Cincinnati aux Etats-Unis et publiée ce mardi  dans la revue Pediatrics confirme que cette exposition passive a un impact direct sur les taux de ré-hospitalisations pour crise d’asthme.

La cotinine, le marqueur qui fait mentir les parents

619 enfants, âgés de 1 à 16 ans, ont été hospitalisés une première fois pendant l’été 2010 pour une crise d’asthme ou un sifflement respiratoire. A cette occasion, les parents ont été interrogés sur l’exposition passive de leur enfant à la fumée de cigarette, au domicile ou en voiture par exemple. Mais les chercheurs ne se sont pas contentés des affirmations de parents, ils ont également mesuré (avec leur autorisation) le taux de cotinine présent dans le sang et la salive des enfants. Or la cotinine est l’une des substances résultant de la dégradation de la nicotine dans l’organisme, sa présence atteste donc de l’exposition au tabac dans les 48 heures précédentes. Parmi les enfants dont parents affirmaient qu'ils n'étaient pas  exposés au tabac, 40% avaient quand même de la cotinine dans le sang et 70% en avaient dans la salive.

 

En se basant sur les déclarations des parents, les auteurs n’ont donc retrouvé aucune corrélation entre exposition au tabac et ré-hospitalisation pour un motif respiratoire dans l’année suivante. Mais en s’appuyant sur les résultats des dosages sanguins et salivaires de cotinine, les enfants véritablement exposés à la fumée de cigarettes ont un risque plus que doublé d’être réadmis à l’hôpital dans l’année pour une nouvelle crise d’asthme.

 

Un outil pour aider les parents au sevrage tabagique

Les auteurs soulignent que ce type de mesure de l’exposition au tabac pourrait être utilisé au moment où l’enfant quitte l’hôpital pour que le ou les parents fumeurs soient orientés vers une consultation de sevrage tabagique et que leur médecin traitant soit prévenu pour pouvoir les accompagner dans l’arrêt du tabac.
La pédiatre Judie Howrylak, première auteur de l’étude explique qu’« il pourrait y avoir une incitation financière des compagnies d’assurances santé pour aider les parents à arrêter de fumer plutôt que d’avoir à payer les coûts des futures hospitalisations de leurs enfants asthmatiques ». Pas sûr que tous les financeurs des systèmes de santé voient les choses sous cet angle encourageant.