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Evolution sur 10 ans aux

Etats-Unis : les phtalates interdits sont remplacés par d'autres

Par Audrey Vaugrente

La lutte contre les phtalates fête ses 6 ans aux Etats-Unis. Une étude montre que certaines formes ont quasi disparu, mais d'autres ont pris le relais.

Les emballages de plats préparés contiennent souvent des phtalates (DURAND FLORENCE/SIPA)
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Quand certains phtalates sont interdits, d'autres prennent le relais. Voilà ce qu'observe une étude de l'université de Californie - San Francisco (Etats-Unis), publiée ce 15 janvier dans Environmental Health Perspectives. Les restrictions fédérales sont efficaces sur certaines formes de ce produit chimique utilisé pour amollir les plastiques, mais impuissantes contre les solutions de remplacement.

 

Quasi-disparition de trois phtalates...

Cette étude est la première à analyser l'évolution de l'exposition aux phtalates de l'autre côté de l'Atlantique. En plus d'être des perturbateurs endocriniens connus, ces substances endommagent l'ADN du sperme et sa qualité. Chez le foetus, les dégats sont aussi très importants. Le développement génital des bébés de sexe masculin est altéré pendant la gestation. Une exposition précoce aux phtalates augmente aussi le risque de troubles cognitifs et comportementaux chez les bébés des deux sexes.

 

Sur 11 000 Américains participant à l'étude entre 2001 et 2010, presque tous ont été exposés à une forme de phtalates au moins. En 2009, les Etats-Unis ont interdit l'utilisation de trois phtalates (BBzP, DnBP, DEHP) dans les produits destinés aux enfants de manière permanente. Cette mesure est censée limiter l'impact de ces perturbateurs endocriniens sur le développement des plus jeunes. Avant qu'elle ne soit entérinée, les enfants y étaient bien plus exposés que les adultes. Depuis, cet écart s'est fortement réduit.

 

... trois autres formes prennent le relais

Le Congrès américain a également interdit temporairement trois autres formes de phtalates (DnOP, DiDP, DiNP), mais uniquement dans les jouets que les enfants peuvent porter à la bouche. Tant que des études approfondies ne seront pas menées, la restriction ne sera pas levée.
Pour les adultes, ces mêmes produits chimiques sont toujours utilisés en substitution à ceux frappés d'interdiction définitive. Du coup, l'exposition à ces trois formes a augmenté dans la population générale. Les deux premières enregistrent une hausse de 15 % et 25 %. Le DiNP a, quant à lui, été augmenté de 150 %. Il s'agit en effet de la substitution la plus fréquente au DEHP. La Proposition 65 de l'Etat de Californie comporte depuis peu ce produit parmi la liste des produits chimiques connus pour causer le cancer.

Parmi les formes de phtalates dont l'usage n'est pas restreint, les évolutions sont variables. Pour le DEP, l'exposition a baissé de 42 % alors que celle au DiBP a triplé. Le DEP est largement utilisé dans les produits de soin du corps. L'autre produit est souvent utilisé en substitution dans les produits de soin, solvants, adhésifs et médicaments.

 

Depuis 2004, plus de 1 000 entreprises se sont engagées à retirer certains produits chimiques des produits de soin du corps. Elles signalent aussi plus clairement quelles substances sont utilisées. Les phtalates se trouvent dans des produits variés : vernis à ongles, parfums, plastiques, matériaux de construction, alimentation, etc.
6 formes sont interdites dans les produits de puériculture en France. Le DEHP devrait être interdit à toute utilisation d'ici 2015.