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Scandale de l'Androcur : des centaines de victimes réclament des comptes à l'État

Par Diane Cacciarella

Des femmes demandent réparation des préjudices subis auprès du Tribunal Administratif pour ne pas avoir été informées des risques de méningiomes, des tumeurs des méninges, liés à la prise d’Androcur, un médicament prescrit pendant des années pour l’acné, la chute de cheveux ou encore comme contraceptif.

Zinkevych/iStock
L’Androcur est un médicament contenant un dérivé de la progestérone et ayant une action anti hormonale qui a été prescrit à des milliers de femmes, depuis les années 1980, pour traiter la chute de cheveux, l’acné ou encore servir de contraceptif.
En 2011, le risque de méningiome a été mentionné dans la notice de l’Androcur et, aujourd’hui, il n’est prescrit que pour traiter le cancer de la prostate et l'hirsutisme chez la femme.
Plus de 450 patientes demandent aujourd'hui réparation des préjudices subis auprès du Tribunal Administratif et souhaitent que l'État les indemnise.

L’Androcur m’a été prescrit par ma gynécologue à partir de 2005 comme contraceptif mais surtout pour soigner une acné hormonale, explique Émilie, 40 ans, qui a pris ce médicament pendant 14 ans, à l’Association Méningiomes dus à l’Acétate de cyprotérone, aide aux Victimes Et prise en compte des Autres molécules (AMAVEA).  En juin 2019, j’ai reçu un courrier de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui m’invitait à me rapprocher de mon médecin prescripteur et recommandait le passage d’une IRM.” Le 13 août de la même année, le diagnostic tombe : “une énorme masse protéiforme dans le lobe frontal de 6,3 cm et une plus petite, de 2,3 cm, à l’arrière du crâne.” 

Des risques de méningiomes avérés

Comme Émilie, beaucoup de femmes ont développé des méningiomes, des tumeurs des méninges, après avoir pris de l’Androcur. Ce médicament contenant un dérivé de la progestérone et ayant une action anti hormonale a été prescrit à des milliers de patientes depuis les années 1980 pour traiter la chute de cheveux, l’acné, l’hirsutisme ou encore servir de contraceptif. Problème : ce n’est qu’en 2011 que le risque de méningiome a été mentionné dans la notice de l’Androcur.

Pour mieux quantifier ce risque, l’Assurance Maladie a mené une étude. Les résultats ont été publiés en 2018 : le risque de méningiomes lié à l'utilisation prolongée d'acétate de cyprotérone (la substance active de l’Androcur) à de fortes doses (supérieures ou égales à 25 mg/jour) était multiplié par 7 pour les femmes l’ayant pris sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement.

Plus de 450 patientes souhaitent que l'État les indemnise

En mars 2024, deux requêtes ont été déposées auprès du tribunal Administratif de Montreuil. "La faute que nous imputons à l’État est la suivante : ne pas avoir diffusé correctement les informations relatives au risque pour la santé que représentait la prise d’Androcur auprès des médecins et des patients, explique Maître Charles Joseph-Oudin, avocat de l’association, à La Dépêche. Conséquence : ces derniers ont respectivement continué à prescrire et consommé la molécule."

D’après les propos d’Emmanuelle Huet-Mignaton, présidente de l’association d’aide aux victimes de l’Androcur (AMAVEA), à La Dépêche : "Entre 2007 et 2023, ce sont 4.000 femmes qui ont été opérées d’un méningiome à cause d’un progestatif."

À la justice, désormais, d’expertiser les plus de 450 dossiers de patientes. Aujourd’hui, l’Androcur est seulement utilisé, selon le Vidal, pour traiter le cancer de la prostate et l'hirsutisme chez la femme, “lorsque la pilosité excessive retentit gravement sur la vie affective et sociale.