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Etats-Unis

TOC : un implant cérébral soigne une femme de 34 ans

Par Stanislas Deve

Une patiente américaine s’est fait poser un implant dans le cerveau qui réduit drastiquement les symptômes liés à ses troubles obsessionnels compulsifs.

peterschreiber.media / istock (image d'illustration)
Atteinte d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC) qui l’isolait socialement et la poussait, par exemple, à se laver les mains jusqu’à ce qu’elles saignent, terrifiée à l’idée d’être contaminée par son environnement, une Américaine de 34 ans a pu retrouver une existence quasi-normale grâce à un implant cérébral inédit.
L’implant de 32 millimètres envoie une impulsion électrique lorsqu’il détecte des réactions anormales dans son cerveau afin de rétablir son fonctionnement habituel. Cette technique, appelée stimulation cérébrale profonde, est utilisée depuis plus de 30 ans contre l’épilepsie.
La patiente, première personne au monde à recevoir ce type d’implant qui traite à la fois les TOC et l’épilepsie, a remarqué les premières améliorations dans ses rituels compulsifs au bout de huit mois.

Atteinte d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC) qui la poussait à se laver les mains jusqu’à ce qu’elles saignent, terrifiée à l’idée d’être contaminée par son environnement, une Américaine de 34 ans a pu retrouver une existence quasi-normale grâce à un implant cérébral inédit.

"Je suis vraiment présente dans ma vie quotidienne et c’est incroyable, raconte Amber Pearson à l’AFP. Auparavant, j’étais constamment coincée dans ma tête, à me préoccuper de mes obsessions." Ses TOC pouvaient l'accaparer parfois jusqu’à neuf heures par jour et l’isolaient socialement. Avant de se coucher, elle devait par exemple s’assurer que les portes et fenêtres étaient fermées, le gaz éteint et les appareils électriques débranchés. Elle se douchait à chaque fois qu’elle changeait la litière de son chat, et elle préférait souvent manger recluse plutôt qu’avec famille et amis.

Une impulsion électrique pour rétablir le fonctionnement normal du cerveau

Mais ce n’est plus qu’un lointain souvenir ou presque : ses TOC ne la mobilisent plus qu’une trentaine de minutes chaque jour. L’implant de 32 millimètres envoie une impulsion électrique lorsqu’il détecte des réactions anormales dans son cerveau afin de rétablir son fonctionnement habituel. Cette technique, appelée stimulation cérébrale profonde, est utilisée depuis plus de 30 ans contre l’épilepsie ou encore la maladie de Parkinson.

Alors qu’elle devait se faire poser une puce pour traiter son épilepsie, dont elle souffrait également, c’est Amber Pearson elle-même qui a demandé : "Puisque vous allez dans mon cerveau pour mettre une électrode et que j’ai des TOC, est-ce que vous pouvez en mettre aussi une pour les TOC ?" Une suggestion prise très au sérieux par le neurochirurgien Ahmed Raslan, de l’Université des sciences et de la santé de l’Oregon (Etats-Unis).

US Woman Receives Revolutionary Brain Implant For OCD And Epilepsy https://t.co/yNezGT4WZI

February 5, 2024

Le seul implant cérébral au monde qui traite les TOC et l’épilepsie

Pour concevoir l’appareil, lui et son équipe ont observé l’activité cérébrale de la patiente, en l’exposant par exemple à des fruits de mer, une des denrées qui la stressait. Ils ont ainsi pu identifier des "marqueurs électriques" associés à ses TOC. Puis l’implant a été programmé "de manière à déclencher la stimulation uniquement lorsqu’il repère ces signaux". Un programme gère l’épilepsie, l’autre les TOC. "C’est le seul appareil au monde qui traite ces deux maladies" à la fois, précise le médecin.

L’Américaine a remarqué les premiers changements dans ses rituels compulsifs au bout de huit mois, et cela a été une délivrance : "Je suis à nouveau heureuse et enthousiaste à l’idée de sortir, de vivre et d’être avec mes amis et ma famille, ce dont j’ai été coupée pendant des années", confie-t-elle à l’AFP.

Si Amber Pearson est la première personne à être équipée d’un tel dispositif, une étude est actuellement menée à l’Université de Pennsylvanie pour voir comment appliquer cette technique à d’autres patients, selon le Dr Raslan.