ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Le cerveau des hommes et des femmes réagit différemment au stress

Neurologie

Le cerveau des hommes et des femmes réagit différemment au stress

Par Camille Sabourin

Lors d’une expérience, certaines cellules cérébrales de souris mâles ont subi des modifications lorsqu'elles ont été soumises au stress.

Naeblys/iStock
Des chercheurs allemands ont séquencé les molécules d'ARN du noyau paraventriculaire de l'hypothalamus pour cartographier la réponse au stress chez les souris mâles et femelles.
Les oligodendrocytes, qui jouent un rôle important dans la régulation de l'activité cérébrale, sont très sensibles au stress en fonction du sexe.
Chez les souris mâles, l'expression génétique des cellules cérébrales et leur structure sont altérées après avoir été exposés au stress.

"Les troubles psychiatriques liés au stress et le système de stress présentent des différences marquées entre les hommes et les femmes, ainsi que des changements divergents. Malgré plusieurs mécanismes proposés, nous ne comprenons toujours pas les processus moléculaires en jeu", ont indiqué des chercheurs du Max Planck Institute of Psychiatry (Allemagne). C’est pourquoi ils ont décidé de réaliser une étude publiée dans la revue Cells Reports.

Examiner l'activité du noyau paraventriculaire de l'hypothalamus

Dans le cadre des recherches, les scientifiques ont utilisé des méthodes avancées pour analyser l'activité cérébrale au niveau d’une seule cellule. "Nous avons dirigé la lentille la plus sensible possible sur la zone du cerveau qui joue le rôle de centre de la réponse au stress chez les mammifères, le noyau paraventriculaire de l'hypothalamus. En séquençant les molécules d'ARN dans cette partie du cerveau au niveau de la cellule individuelle, nous avons pu cartographier la réponse au stress chez les souris mâles et femelles selon trois axes principaux : comment chaque type de cellule dans cette partie du cerveau répond au stress, comment chaque type de cellule précédemment exposée à un stress chronique répond à une nouvelle expérience de stress et comment ces réponses diffèrent entre les mâles et les femelles", a expliqué le Dr Elena Brivio, auteure des travaux, dans un communiqué.

Les oligodendrocytes sont très sensibles au stress en fonction du sexe

Ensuite, l’équipe a cartographié l'expression des gènes dans plus de 35.000 cellules individuelles. La cartographie complète a permis aux chercheurs d'identifier une longue liste de différences dans l'expression des gènes entre les hommes et les femmes, et entre le stress chronique et le stress aigu. Les résultats ont montré que certaines cellules cérébrales étaient plus sensibles au stress chez les souris femelles et d'autres chez les mâles. La différence la plus significative a été observée dans un type de cellule cérébrale appelé "oligodendrocyte", un sous-type de cellule qui fournit un soutien aux cellules nerveuses et joue un rôle important dans la régulation de l'activité cérébrale.

Stress chronique : une altération de l’expression génétique et de la structure des cellules

Chez les souris mâles, l'exposition à des conditions de stress, en particulier le stress chronique, a modifié non seulement l'expression génétique de ces cellules et leurs interactions avec les cellules nerveuses environnantes, mais aussi leur structure. En revanche, chez les femelles, aucun changement significatif n'a été observé dans ces cellules, qui n'étaient pas sensibles à l'exposition au stress. "Nos résultats montrent qu'en ce qui concerne les problèmes de santé liés au stress, à la dépression et au diabète, il est très important de prendre en compte la variable du sexe, car elle a un impact significatif sur la façon dont les différentes cellules du cerveau réagissent au stress", a conclu Alon Chen, co-auteur de l’étude.