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Sécurité routière

Accidents de la route : un test sanguin pour évaluer le niveau de fatigue ?

Par Geneviève Andrianaly

Des scientifiques australiens tentent d’élaborer un test sanguin permettant de déterminer si un conducteur ayant causé un accident était en manque de sommeil.

Zinkevych/iStock
Une équipe de chercheurs australiens mettent au point un test sanguin permettant de savoir si un conducteur était fatigué ou somnolent lorsque l’accident s’est produit.
Ils ont identifié cinq biomarqueurs capables de détecter si une personne est restée éveillée durant 24 heures ou plus.
Le risque d'accident est environ deux fois plus élevé lorsque les automobilistes ont dormi cinq heures ou moins au cours des dernières vingt-quatre heures.

La fatigue au volant est un facteur contribuant à environ 20 % des accidents de la route. Selon des chercheurs du Central Queensland University (Australie), conduire en étant en manque de sommeil est aussi dangereux que prendre le volant sous l'emprise de l'alcool. Face à ce constat, les scientifiques australiens travaillent sur le développement d’un test sanguin aidant à mesurer l’état de fatigue d’une personne. Ce dernier pourrait permettre de savoir si le conducteur n’avait pas assez dormi, était fatigué ou somnolent lorsque l’accident s’est produit. Il pourrait aussi donner la possibilité « d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des personnes qui conduisent en état de fatigue », rapporte le journal britannique The Guardian.

Des biomarqueurs "étroitement liés à la durée d'éveil"

"La conduite en état de fatigue pourrait être gérée de la même manière que la conduite en état d'ébriété, en fixant un seuil (c'est-à-dire la quantité de sommeil préalable nécessaire) à partir duquel les conducteurs sont 'considérés comme étant en état d'ébriété'", a indiqué l’équipe financée par le ministère australien de la Sécurité routière. Dans une récente étude, ils ont identifié cinq biomarqueurs sanguins capables de détecter si une personne est restée éveillée durant 24 heures ou plus.

"Ces biomarqueurs sont étroitement liés à la durée d'éveil d'une personne et sont constants d'un adulte à l'autre. Certains d'entre eux sont des lipides, d'autres sont produits dans l'intestin, ils proviennent donc de différentes parties du corps - ce qui est intéressant, car le sommeil est impliqué dans un certain nombre de problèmes de santé. Mais ce ne sont pas des métabolites (impliqués dans l'anxiété ou l'adrénaline) qui pourraient être affectées si quelqu'un a été impliqué dans un accident de la route", a expliqué, au Guardian, Clare Anderson, professeur à l'université Monash de Melbourne collaborant à l’élaboration du test sanguin.

Sommeil : dormir au moins 5 heures pour une conduite sûre

Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont recruté 61 personnes pour vérifier l’efficacité de leur test. D’après les résultats, publiés dans la revue Nature and Science of Sleep, il peut détecter si une personne a dormi ou non grâce aux biomarqueurs, avec une précision de près de 90 %. "Le risque d'accident semble être environ 30 % plus élevée après 6 ou 7 heures de sommeil, par rapport aux personnes bien reposées. Après une nuit de sommeil de 4 ou 5 heures, les performances de conduite diminuent fortement et le risque d'accident est environ deux fois plus élevé que chez les adultes ayant bien dormi", peut-on lire dans les recherches. Ainsi, les auteurs recommandent de ne pas prendre le volant si l’on a dormi moins de 5 heures.