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Crise cardiaque : "Une hausse des cas chez les jeunes femmes"

Par Geneviève Andrianaly

Pré-éclampsie, cannabis, contraception hormonale… Ces facteurs, qui n’ont jamais été étudiés, peuvent prédisposer à la survenue d’un infarctus du myocarde chez des patientes de moins de 50 ans.

stefanamer/iStock
86 % des participantes ayant fait une crise cardiaque présentaient des facteurs de risques standards modifiables, comme l’hypertension artérielle, le diabète, le tabagisme ou encore la dyslipidémie.
Les complications de grossesse représentent 30 % des cas d’infarctus du myocarde.
Seules 15 % des femmes bénéficient d’une réadaptation cardiaque.

"Les maladies cardiovasculaires sont en baisse d’une manière générale. Aujourd’hui pourtant, elles constituent la première cause de mortalité chez les femmes", signale Catherine Monpère, cardiologue et co-présidente de la Commission "Cœur de Femmes" de la Fédération Française de Cardiologie (FFC). Problème : seulement 46 % des patientes déclarent en avoir conscience, selon les résultats du dernier baromètre Ifop présentés lors d’un point presse de la Fédération le 13 avril. Selon le sondage, les modes de prévention sont bien identifiés, mais les femmes peinent encore à mettre en place les actions pour prendre soin de leur cœur au quotidien.

Ce dernier révèle également que les Françaises de plus de 50 ans semblent être globalement bien informées sur les facteurs de risque des pathologies cardiovasculaires, même si le tabac et le stress sont les deux causes qui sont peu présentes dans leur esprit. En revanche, les patientes plus jeunes ont moins de connaissances en matière de santé cardiovasculaire. Pour preuve : 47 % des moins de 25 ans pensent à tort que les hommes sont les premières victimes des affections cardiovasculaires.

Infarctus du myocarde : "30 % des patientes ont eu des complications de grossesse"

"Ces dernières années, une nette progression du nombre d’infarctus du myocarde a été observée chez ces patientes", alerte Catherine Monpère. Pour mieux comprendre les causes de "cette hausse des cas chez les jeunes femmes", la FFC a financé une étude scientifique, appelée "WAMIF (Young Women Presenting Acute Myocardial Infarction in France)". Elle a été menée auprès de 314 patientes, âgées de moins de 50 ans, dans 30 centres français durant 18 mois. "La plus jeune a 19 ans et la plus âgée a 42 ans", précise Stéphane Manzo-Silberman, cardiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et coordinatrice des travaux.

Selon la spécialiste, 86 % des participantes présentaient des facteurs de risques standards modifiables : "hypertension artérielle, diabète, tabagisme ou encore dyslipidémie (à savoir une anomalie du taux de cholestérol dans le sang)." D’après les résultats, 75 % des patientes hospitalisées sont fumeuses. "10 % consommaient du cannabis", spécifie Stéphane Manzo-Silberman. L’obésité favorise aussi la survenue d’une crise cardiaque dans 28 % des cas et la sédentarité dans 40 % des cas. Chiffre inquiétant : "30 % des patientes ont eu des complications de grossesse, telles qu’un diabète gestationnel, une pré-éclampsie, une hypertension gravidique. L’étude a aussi montré que 87 % des femmes sous contraception combinée œstro-progestative avaient au moins une contre-indication à cette association", ajoute la praticienne.

Seules 15 % des femmes bénéficient de la réadaptation cardiaque

À l’issue de ces recherches, les volontaires ont suivi un programme de réadaptation cardiaque, qui ne doit pas être négligé. Ce dernier consiste à évaluer les facteurs de risque du patient, ses capacités respiratoires, à lui recommander des exercices physiques pour améliorer sa condition cardiovasculaire, à lui donner des conseils en matière de nutrition et d’alimentation ainsi qu'à l’aider à gérer son anxiété ou sa dépression. "En France, uniquement 15 % des femmes en bénéficient à cause du nombre de places insuffisant, d’un manque de persuasion du corps médical ou du fait que les patientes sont responsables d’un parent ou d'enfants et ne peuvent pas s’absenter. Pourtant, ne pas aller en réadaptation entraîne une perte de chance estimée à 26 %", déplore Catherine Monpère.