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Manifestation à Paris

Des milliers de sages-femmes dans la rue pour un meilleur statut

Par Bruno Martrette

En grève depuis plus de trois semaines pour obtenir un véritable statut médical, les sages-femmes manifestent ce jeudi à Paris. Une rencontre avec la ministre de la Santé pourrait avoir lieu.

BENOIT DUCROT/SIPA

« J0 : La marche des sages-femme vous attend. On va faire entendre notre colère qui monte depuis 3 semaines...!!! », c'est le dernier message publié il y a 1h sur le compte twitter de l'Organisation nationale syndicats sages-femmes (ONSSF). Avec ce tweet plein de détermination, le ton de la manifestation organisée ce jeudi par les sages-femmes a le mérite d'être donné. Ces professionnelles de santé qui réclament notamment une reconnaissance, en accédant enfin au statut de praticien hospitalier ne comptent « rien lacher dans cette bataille », comme elles le répètent souvent. Pour cette raison, près de 7000 sages-femmes sont attendues ce matin dans les rues de Paris. Mais pour le moment, force est de constater qu'elles restent invisibles aux yeux des politiques, et notamment aux yeux de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. pourquoidocteur revient sur les raisons de cette colère.

La reconnaissance passera par un statut médical
Tout d'abord, les sages-femmes souhaitent un changement de statut. En effet, même si ces dernières exercent une profession médicale, elles ont depuis toujours le statut de « paramédicale ». Cette absence de reconnaissance par les autorités se ressent également sur la rémunération de ces professionnelles. « Le statut de la fonction publique hospitalière nous considère comme des bac+3, mais nous sommes payées comme des bac+2 et demi, avec même pas le salaire de base qui correspond à un niveau licence. Le pire, c'est qu'en réalité, nous avons un bac + 5, avec une première année de médecine et une formation de quatre ans qui suit pour devenir sage-femme », expliquait Caroline Raquin, présidente de l'ONSSF, contactée récemment par pourquoidocteur.

Les sages-femmes pratiquent tous les actes d'un suivi de grossesse normal
Mais ce cri de colère, ce n'est pas qu'une histoire de rémunération. Car en milieu hospitalier, les sages-femmes dépendent, pour le moment, entièrement de leur chef de service concernant la politique de suivi de grossesse des femmes enceintes. 
Or, en pratique, lors des grossesses sans complications, les sages-femmes exécutent tous les actes que font les médecins hospitaliers spécialistes de la grossesse (échographie, préparation à l'accouchement, monitoring...).

Un mouvement soutenu par les patrons des maternités
Mais malheureusement, aujourd'hui encore, la présidente confiait que de nombreuses femmes enceintes ne connaissent même pas le champ de compétences élargi des sages femmes. C'est pourquoi leur revendication principale consiste à être placées au même niveau que les médecins dans les hôpitaux, en tout cas lors du suivi des grossesses normales. Et ces sages-femmes sont d'ailleurs soutenues par l'ensemble des chefs de service des maternités de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui ont apporté mardi leur soutien « sans réserve » aux sages-femmes, en grève depuis trois semaines.

90 % des maternités touchées par la grève
En effet, comme les sages-femmes exécutent tous les actes que réalisent les médecins spécialistes de la grossesse, on comprend bien pourquoi ce mouvement de grève inquiète au plus haut point les chefs de service. Avec 90 % des maternités touchées par la grève et 70 % de l'ensemble de la profession qui suit (en comptant les libérales), il est vrai  que ce mouvement perturbe déjà lourdement le fonctionnement des établissements. En grève dure dans bon nombre d'hôpitaux, les sages-femmes sont assignées en service minimum d'urgence. Dans ce cas, elles ne sont désormais présentes plus qu'en salle d'accouchement Dans tous les autres services, consultations, grossesses pathologiques, suites de couches, il n'y a plus aucune de ces professionnelles de disponible.