ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Sida : une étude explique pourquoi des malades traités continuent de souffrir

VIH

Sida : une étude explique pourquoi des malades traités continuent de souffrir

Par Rafaël Andraud

Des patients infectés par le VIH et traités par un traitement antirétroviral souffrent encore d'inflammation chronique, comme si le virus du Sida était toujours actif. Une nouvelle étude a trouvé une explication.

Artem_Egorov/iStock
Le syndrome d’immunodéficience acquise, ou sida, est dû à l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui détruit les défenses immunitaires, c'est-à-dire qu'il empêche le corps de se défendre contre des maladies.
Environ 38 millions de personnes vivent avec le VIH en 2021 dans le monde, dont 180.000 en France.
Selon Santé Publique France, le nombre de découvertes de séropositivité est estimé à 5.013 personnes, contre 4.753 en 2020 (1,5 million dans le monde). 650.000 de personnes seraient décédées de maladies liées au sida en 2021 dans le monde.

Une équipe de chercheurs australo-américaine a découvert une explication aux problèmes inflammatoires que subissent certains anciens malades du Sida. Selon leurs travaux, publiés cette semaine dans la revue Cell, des processus inflammatoires chroniques peuvent continuer même après que le virus a été complètement éliminé de l’organisme.

Inflammation chronique : une protéine du VIH responsable

En effet, bien qu’aujourd’hui les thérapies d'antirétroviraux sont capables de contrôler le virus et d’empêcher sa réplication au point de le rendre indétectable dans l'organisme des patients au bout de plusieurs années de traitement, certains d'entre eux souffrent encore de problèmes inflammatoires.

La responsable ? Une protéine du VIH appelée Nef, selon les chercheurs. Ces derniers ont sélectionné des cellules immunitaires humaines et les ont mises en contact avec la protéine Nef dans des proportions similaires à celles identifiées chez les patients sous antirétroviraux avec une charge virale indétectable.

Le même phénomène pourrait exister pour d'autres infections, comme la Covid-19

Afin de produire une réponse immunitaire de ces cellules, les scientifiques les ont ensuite exposées à une toxine bactérienne. Conclusion : contrairement à un groupe de cellules témoins qui n’ont pas subi ces contacts, celles qui ont été confrontées à la protéine Nef ont produit une réponse inflammatoire importante avec la création de cytokines (des protéines solubles qui assurent les communications entre les cellules du système immunitaire). Après analyse des cellules exposées à Nef, les chercheurs ont observé des gènes de réponse inflammatoire. Ces derniers étaient pourtant absents dans les cellules non exposées à cette protéine.

Selon l'équipe de scientifiques, la persévérance des problèmes inflammatoires pourrait permettre de comprendre pourquoi certains anciens malades du Sida souffrent encore de comorbidité, même si le virus du Sida n’est plus actif. Les chercheurs émettent également l'hypothèse que des phénomènes similaires pourraient exister pour d'autres infections virales, comme la Covid-19.