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Apprentissage

Pourquoi penser comme un enfant pourrait améliorer votre quotidien

Par Margot Montpezat

Selon une étude, le cerveau des enfants de quatre et cinq ans n'est pas assez mature pour focaliser leur attention, comme les adultes, sur un objet précis. Un atout qui leur permet d'apprendre davantage de choses lorsqu'ils explorent le monde.

fizkes/iStock
Avant 5 ans, la capacité de concentration varie beaucoup d’un enfant à l’autre et peut aller de quelques secondes à 2 ou 3 minutes d’attention en continu
Le jeu permet au cerveau des enfants de se développer et favorise l’apprentissage.

"Il faut regarder toute la vie avec des yeux d’enfants...". A la lumière des résultats d’une étude publiée dans Experimental Child Psychology, cette citation d’Henri Matisse prend tout son sens. En effet d’après les chercheurs, l’œil vagabond des jeunes enfants leur permet d’éviter un piège d'apprentissage qui dessert souvent les adultes.

"La capacité des adultes à concentrer leur attention est généralement très utile dans la vie quotidienne", explique Vladimir Sloutsky, coauteur de l'étude et professeur de psychologie à l'université d'État de l'Ohio. "Mais parfois, il est utile de voir le monde davantage comme un enfant et de remarquer des choses qui peuvent ne pas sembler si importantes ou pertinentes sur le moment."

Les adultes se focalisent trop sur une information précise

Concrètement, l’étude en laboratoire a porté sur 30 enfants de 4 et 5 ans et 38 adultes, équipés d'oculomètres qui pouvaient indiquer où ils regardaient sur un écran d'ordinateur.

Les scientifiques leur ont montré des images colorées de deux types de personnages différents appelées Flurps et Jalets, aux sept caractéristiques identifiables, dont une tête, une queue et des antennes qui permettaient de les différencier. Les participants devaient déterminer si une créature était un Flurp ou un Jalet.

L'une des caractéristiques n'a cependant jamais été mentionnée dans les instructions et elle ne différait pas entre les types de créatures. C'est ce que les chercheurs ont appelé la "caractéristique non pertinente".

Les scientifiques se sont alors rendu compte que les adultes n’avaient pas prêté attention à des caractéristiques qui n'étaient pas utiles pendant la première partie de l'exercice, de sorte qu'ils ont manqué le moment où ces mêmes caractéristiques sont devenues importantes. Les enfants, eux, avaient fait attention à tout, et ont donc remarqué plus rapidement que les règles avaient changé.

Observer comme un enfant permet d'être plus efficace

En effet, au cours de l'exercice, c'est ce même indice non pertinent au départ - la partie du corps qui n'avait auparavant aucune incidence sur le type de créature - qui est devenue celui qui déterminait s'il s'agissait d'un Flurp ou d'un Jalet. Il est apparu que les adultes ont moins remarqué l'importance de la nouvelle caractéristique que les enfants et qu’ils s'appuyaient plutôt sur celles moins importantes apprises précédemment.

Ainsi, les adultes choisissent souvent l'attention sélective parce qu'elle est utile pour atteindre l'efficacité mais elle peut aussi avoir un impact délétère en leur faisant manquer des informations.

"Lorsque vous connaissez vraiment bien quelque chose ou que la solution à un problème semble évidente, il peut être utile d'élargir votre attention, de chercher des indices qui peuvent ne pas sembler pertinents au premier abord - de penser à nouveau comme un enfant", conclut Vladimir Sloutsky