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Risques professionnels

L'hôpital rend les soignants malades

Par Bruno Martrette

La Fédération hospitalière de France signe un protocole sur la prévention des risques psychosociaux dans la fonction publique. De nombreux hospitaliers sont menacés par le burn-out.

CHAMUSSY/SIPA
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« Des semaines de 60 heures, des cadences infernales, une pression de plus en plus forte, et au bout de cet enfer quotidien, le burn-out. » C'est pour mettre fin à cette surcharge de travail qui pèse sur la santé des soignants que la Fédération hospitalière de France (FHF) va signer ce mardi à Bercy un protocole d'accord relatif à la prévention des risques psychosociaux dans la fonction publique.
Lors d'une cérémonie officielle présidée par la ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique, Marylise Lebranchu, plusieurs organisations syndicales et représentants des employeurs publics vont adhérer à ce protocole censé développer une nouvelle politique de prévention des risques professionnels. A la veille de cette grande réunion, pourquoidocteur dresse un état des lieux sur les conditions de travail à l'hôpital.

Un tiers des chirurgiens et des anesthésistes menacés par le burn-out
Une étude publiée en décembre 2012 révélait que 30 % des spécialistes de bloc opératoire ont un niveau de stress supérieur à 8 sur 10. Cette situation de stress est évidemment lourde de conséquence, tant pour les soignants que pour leurs patients. Alors que l’on dénombre chaque année de 60 000 à 95 000 "événements indésirables graves" sur un total de 1,5 million d'interventions chirurgicales (soit 4 à 6 %), le stress des professionnels de santé est « un signal susceptible d'alerter sur un risque potentiel d'augmentation des accidents ». 
La peur de se retrouver dans une situation délicate, notamment sur le plan juridique, fait fuir les plus jeunes et menace de désaffection les spécialités les plus à risque (obstétrique, anesthésie).
Les conséquences d’un burn-out sont tout aussi ravageuses sur la santé du médecin lui-même : des études américaines font état d’un taux impressionnant de mises en invalidité pour cause de troubles psychiques parmi les professionnels de la santé, dont le taux de suicide (6 %) est presque deux fois plus élevée que celui du reste de la population. 

Le ras-le bol des infirmiers 
« Dans mon hôpital, je dois gérer toute seule 20 patients en soins palliatifs 17 heures sur 24. Il m’arrive de ne pas pouvoir prendre ma pause déjeuner de 30 minutes et d’enchaîner douze heures de suite. Avec 3 ans d’études, et 8 ans d’expérience, j'ai le droit à 1.700 euros net par mois, voilà ma récompense. » Ce cri de colère d'une infirmière, membre du collectif « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes », fait écho au ras-le-bol d’une profession.
Face à cette situation, cette infirmière confie aussi sur le réseau social Facebook que la qualité des soins s’en ressent. « Dans les couloirs des urgences, les brancards s’entrechoquent. Je n’ai plus le temps de parler aux malades, alors que, parfois, en pleine nuit, quand le patient est stressé, quelques minutes d’échange seraient plus efficaces qu’un cachet. On se met en danger et, en même temps, on met en danger la vie des patients », conclut-elle.

L'Europe menace la France
La Commision européenne a lancé un ultimatum à la France. Elle laisse deux mois au gouvernement français pour qu'il fasse en sorte que ses hôpitaux respectent la loi sur le temps de travail. La législation européenne fixe en effet une durée maximale de travail de 48h aux soignants, et impose des périodes de repos minimales, à ces derniers, après la prestation d'heures supplémentaires de nuit. Une législation qui semble peu respectée en France, d'après les témoignages de nombreux soignants dans les hôpitaux. 

Pour toutes ces raisons, plusieurs syndicats de praticiens hospitaliers demandent que la pénibilité de leur profession soit prise en compte au moment de partir en retraite. Ils souhaitent ainsi être directement concernés par le compte-épargne pénibilité qui sera créé par le gouvernement en 2015. Les hospitaliers en sont pour le moment toujours exclus, à cause de leur statut d'agent du service public.