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Insomnies, somnolence...

Vous commencez à fumer du cannabis ? Attention à votre sommeil !

Par Charlotte Arce

Les récents consommateurs de cannabis sont plus enclins à être affectés par des durées de sommeil très courtes ou très longues.

colnihko/iStock
La consommation de cannabis a une influence sur la durée du sommeil. Plus d'un consommateur sur trois dort moins de 6 heures par nuit et 56 % ont des cycles de sommeil plus long.
La consommation de cannabis est aussi liée à une dégradation de la qualité du sommeil, et à l'apparition de troubles comme l'insomnie et la somnolence.

Le cannabis est un faux ami du sommeil. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce psychotrope n’aide pas à tomber dans les bras de Morphée et serait même lié, chez ses récents consommateurs, à des durées de sommeil nocturne extrêmes.

C’est ce que montre une nouvelle étude publiée dans la revue Regional Anesthesia & Pain Medicine. Portant sur un large échantillon représentatif d’adultes américains, elle indique que le cannabis altère la qualité du sommeil, en raccourcissant ou en rallongeant les cycles. Cette tendance est encore plus prononcée chez les gros consommateurs de cannabis, c’est-à-dire qui en ont consommé pendant 20 des 30 jours précédents.

Une étude au long cours

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé les données d’une enquête bisannuelle portant sur les années 2005 à 2018 et concernant 21 729 adultes américains âgés de 20 à 59 ans. L’objectif était de savoir si les répondants déclaraient avoir eu des difficultés à s'endormir, à rester endormis ou avoir trop dormi au cours des 2 semaines précédentes, s'ils avaient déjà consulté un médecin pour un problème de sommeil et s'ils avaient régulièrement ressenti une somnolence diurne pendant au moins 5 des 30 jours précédents.

Les répondants à l'enquête ont été classés en tant que consommateurs récents ou non consommateurs de cannabis. Ils ont aussi indiqué s’ils en avaient consommé ou non au cours de 30 derniers jours, et s’ils définissaient leur durée du sommeil comme courte (moins de 6 heures), optimale (6-9 heures) ou longue (plus de 9 heures). D’autres information sur des facteurs potentiellement influents ont aussi été recueillies, notamment l’âge, les heures de travail, le poids, la consommation d’alcool, d’opioïdes ou de médicaments, ou encore les antécédents d'hypertension, de diabète et de maladie coronarienne.

Dans l’échantillon analysé, la durée moyenne de sommeil nocturne était d’un peu moins de 7 heures. 12 % des participants ont déclaré dormir moins de 6 heures, tandis que 4 % ont déclaré dormir plus de 9 heures par nuit.

Ces données ont été croisées avec celles des consommateurs de cannabis : 3 132 personnes (14,5 %) ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours des 30 jours précédents.

Une exacerbation des troubles du sommeil

Les résultats montrent que ce sont les consommateurs récents qui sont les plus susceptibles de déclarer ne pas dormir assez ou dormir trop.

Ils étaient 34 % plus susceptibles de déclarer un sommeil court et 56 % plus susceptibles de déclarer un sommeil long que ceux qui n'avaient pas consommé de cannabis au cours des 30 jours précédents, après prise en compte de facteurs potentiellement influents.

Ils étaient également 31 % plus susceptibles de souffrir de difficultés d’endormissement et 29 % à souffrir de somnolence.

Le sommeil des gros consommateurs a été particulièrement perturbé : ils étaient 64 % plus susceptibles de connaître un sommeil court et 76 % plus susceptibles de connaître un sommeil long, par rapport aux non-consommateurs.

"Malgré la littérature actuelle démontrant des effets mitigés du cannabis et de diverses formulations de cannabinoïdes sur l'architecture et la qualité du sommeil, ces agents sont de plus en plus utilisés comme thérapies expérimentales, prescrites ou non, pour les troubles du sommeil", notent les auteurs de l’étude, qui souhaitent davantage comprendre la santé du sommeil des consommateurs de cannabis.