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Troubles mentaux

Santé mentale : comment rendre la vie dans une grande ville plus supportable ?

Par Charlotte Arce

Les personnes vivant dans de grandes villes sont plus enclines à souffrir de dépression, d’anxiété ou de toxicomanie. Pour les auteurs de cette nouvelle étude, il est urgent de mieux comprendre l’interaction entre l’augmentation de l’incidence de ces troubles mentaux et la croissance urbaine.

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L'exposition à la pollution et au bruit, le manque de verdure ou encore l'insécurité financière sont autant de facteurs qui augmentent l'incidence des troubles mentaux chez les urbains.
L'étude montre cependant qu'il existe des leviers d'action pour améliorer la santé mentale des habitants des villes, notamment en misant sur le développement durable et en aménageant des espaces verts.

Vie culturelle riche, proximité avec les services publics, facilité d’accès aux transports en commun, perspectives d’emploi… Vivre dans une grande ville présente de réels avantages pour les urbains. Mais cela a aussi ses inconvénients.

Dans une nouvelle étude publiée le 7 octobre dans The Lancet Psychiatry, des chercheurs du Centre pour la santé mentale urbaine de l’université d’Amsterdam (UvA), aux Pays-Bas, démontrent que dans les pays où le nombre d'habitants des villes est relativement élevé, certains troubles psychiatriques comme la dépression, l'anxiété et la toxicomanie, sont généralement plus fréquents.

"La vie en ville est attrayante à bien des égards, mais elle présente aussi divers inconvénients involontaires, explique ainsi Junus van der Wal, auteur principal de cette étude. De nombreuses connaissances ont été accumulées sur la mesure dans laquelle ces inconvénients sont associés aux troubles mentaux. Mais pour vraiment comprendre les effets de la vie dans une ville animée sur la santé mentale, il est nécessaire d'étudier l'ensemble de ces facteurs".

Un scénario fictif

Pour mieux appréhender les facteurs influençant l’environnement urbain et le bien-être mental des habitants des villes, les chercheurs ont élaboré un scénario fictif : celui-ci se concentre sur la vie de Jane, une jeune femme vivant dans une grande ville, dans un quartier où il y a peu de verdure. Son appartement est situé à proximité d'une route très fréquentée. Les chercheurs l’ont aussi doté d’un faible revenu, ce qui signifie qu’elle est souvent stressée par l'argent. Le bruit constant de la circulation perturbe son sommeil et provoque des insomnies. Ses performances professionnelles s'en ressentent, ce qui augmente encore son stress financier. En outre, la pollution atmosphérique due à la circulation sur la route très fréquentée peut affecter le fonctionnement du cerveau de Jane.

Les chercheurs ont aussi montré que si de nombreuses personnes dans le quartier ont des problèmes de santé mentale, cela peut aussi avoir un impact négatif sur la cohésion sociale du quartier, qui peut à son tour avoir un effet négatif sur les résidents.

Le développement durable, solution pour la pollution et la santé mentale des urbains

Il est cependant possible de réduire l'incidence des troubles mentaux chez les urbains. L'étude montre ainsi que si la municipalité où habite Jane investissait dans le développement durable, par exemple en créant un parc entre l'immeuble où habite Jane et la route très fréquentée, cela pourrait non seulement aider Jane, mais aussi les autres habitants de ce quartier. Ce type d'intervention pourrait réduire le stress et les embouteillages, éventuellement renforcer la cohésion sociale dans le quartier et contribuer à lutter contre la pollution atmosphérique.

"Dans notre document de synthèse, nous présentons un nouveau cadre conceptuel pour toutes les recherches futures sur la santé mentale dans l'environnement urbain. Seule cette approche nous permettra de voir comment tous les facteurs interagissent et affectent les individus, et aussi de proposer des interventions et des traitements ciblés pour améliorer la santé mentale des citadins", explique Reinout Wiers, professeur de psychopathologie du développement et codirecteur du Centre pour la santé mentale urbaine.