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Marche à pied

Au quotidien ou en randonnée : pourquoi marchons-nous toujours au bon rythme ?

Par Mégane Fleury

Notre organisme s’adapte en permanence pour que notre marche soit la moins énergivore possible. 

NickyLloyd/istock
La marche à pied sollicite presque la moitié de notre masse musculaire.
Une personne de 70 kilos consomme environ 300 calories pour une heure de marche à 6 km/h.
Un exosquelette est une armarture fonctionnant grâce un système biomécanique ou parfois motorisé.

Nous sommes des êtres économes, sans le savoir ! Nos activités quotidiennes nous font dépenser de l’énergie, alors notre corps s’adapte pour que cette consommation soit minimale. C’est notamment le cas pour la marche à pied : qu’il s’agisse d’une randonnée en montagne ou d’un trajet à pied jusqu’au travail, nos pas sont toujours ajustés de façon à consommer le moins d’énergie possible. Des chercheurs de l’université Queen’s, située au Canada, se sont intéressés à ce phénomène afin de mieux le comprendre. Leurs résultats sont parus dans la revue spécialisée Journal of Experimental Biology. 

Un ajustement automatique ou conscient ? 

"Les gens détectent en permanence leur dépense énergétique et adaptent leur marche pour minimiser les coûts, explique Jessica Selinger, l’une des autrices de l’étude. Nous adaptons toutes sortes de caractéristiques de la marche - la vitesse à laquelle nous nous déplaçons, la longueur et la largeur de chaque pas – pour minimiser les calories que nous brûlons." Avec l’équipe de recherche, ils ont souhaité comprendre si cette adaptation se faisait de manière automatique ou si elle nécessitait de réfléchir, sans forcément que nous en soyons conscient.

La marche décryptée de manière scientifique 

Pour le comprendre, les auteurs de cette recherche ont mis en place un procédé expérimental. Plusieurs volontaires ont été recrutés pour cet essai. Dans un premier temps, il leur a été demandé de marcher sur un tapis roulant, à une vitesse où ils étaient à l’aise, tout en écoutant un flux de bips dans un casque. Lorsque le son devenait plus fort, ils devaient appuyer sur un bouton situé dans leur main gauche, et dans leur main droite, lorsque le bip émettait un son plus faible. Ensuite, l'équipe leur a fait essayer différents styles de marche en se déplaçant au rythme d'un métronome. Une fois que les volontaires se sont familiarisés avec la marche de différentes manières, les chercheurs ont éteint le métronome, mais activé les jambières de l’exosquelette que leurs sujets portaient. "De nombreux participants ont supposé que le dispositif exosquelette était conçu pour faciliter la marche", souligne Jessica Selinger. Or, il était parfois utilisé pour rendre la marche plus difficile, afin d’obliger les volontaires à trouver un style de marche plus efficace. Dans la dernière phase de l’expérience, les volontaires ont du tout gérer en même temps : les boutons à activer en fonction du volume des bips, la marche rendue plus difficile à cause de l’exosquelette, etc. 

Une marche économe par réflexe 

Les chercheurs ont supposé que si les participants devaient réfléchir pour trouver le moyen le plus efficace de marcher avec l’exosquelette, perturbés par les bips distrayants, alors ils utiliseraient plus d'énergie. Cependant, s'ils s'ajustaient automatiquement, ils adapteraient naturellement leur efficacité énergétique, malgré le bip de distraction. En analysant les réponses des volontaires, les scientifiques ont réalisé que ce processus était automatique. "Quand les gens utilisent des modes de marche énergétiquement optimaux, ils le font sans avoir besoin d'y penser consciemment", ajoute Jessica Selinger. Cette marche, économe de manière automatique, nous permet de placer notre attention ailleurs : sur les obstacles potentiellement présents sur la route, par exemple.