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Cerveau

Dès la naissance, on peut prédire la capacité à apprendre différentes langues

Par Jean-Guillaume Bayard

La composition de la matière cérébrale à la naissance serait liée au degré de compétences linguistiques des enfants à cinq ans.

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La composition de la matière blanche du cerveau jetterait les bases des capacités d'apprentissage des langues d'un enfant au cours de la première année de vie.
Bien que les compétences en communication pourraient être fortement liées à la structure cérébrale au début de la vie, l'environnement joue également un rôle.

À la naissance, les bébés apprennent rapidement comment communiquer à travers des cris, des sons ou encore des rires. L’étape suivante est celle de la parole et de l’apprentissage linguistique. Des chercheurs américains de l’université de Boston affirment qu’au cours de cet apprentissage, il existe une grande part d’innée dans cet apprentissage. Dans une étude parue le 5 juin dans la revue Developmental Cognitive Neuroscience, ils estiment que la composition de la matière cérébrale à la naissance donnerait une indication sur le degré de compétences linguistiques à cinq ans.

Étudier la matière grise

La composition de la matière blanche du cerveau jetterait les bases des capacités d'apprentissage des langues d'un enfant au cours de la première année de vie. Celle-ci agit comme un connecteur entre les milliards de neurones, appelés matière grise, qui composent le tissu cérébral. Cela permet l'échange de signaux et toutes les différentes tâches et fonctions que nous devons effectuer, ainsi que tous les processus biologiques qui nous soutiennent.

En plus du développement de la substance blanche, les scientifiques savent depuis longtemps que l'environnement joue également un rôle important dans le façonnement des capacités linguistiques d'une personne. “Mais de nombreuses incertitudes subsistent quant à savoir si la nature ou l'éducation est plus dominante pour déterminer la composition de la substance blanche et dans quelle mesure un bébé apprend à communiquer”, assure Jennifer Zuk, autrice principale de l’étude.

Comparé les IRM des bébés à leur capacité à 5 ans

Les scientifiques ont suivi des dizaines d'enfants pendant cinq ans. Ils ont cherché à savoir dans quelle mesure la structure cérébrale prédisposée joue un rôle dans le développement, comment le cerveau se développe-t-il en tandem avec le langage et si l'environnement est un moteur de progrès ou si les compétences linguistiques sont en grande partie quelque chose pour lesquelles les individus sont prédisposés dès le départ. Pour cela, ils ont réalisé des imageries cérébrales sur les bébés de 40 familles lors de leurs premiers mois. C'est également la première fois que des scientifiques utilisent l'IRM pour examiner la relation entre la structure du cerveau et le développement du langage.

Les chercheurs se sont principalement intéressés au faisceau arqué, une voie qui relie les deux régions du cerveau responsables de la production et de la compréhension du langage. À l'aide de l'IRM, ils ont mesuré l'organisation de la substance blanche en examinant la facilité avec laquelle l'eau se diffuse à travers les tissus, indiquant la densité de la voie. Cinq ans plus tard, ils ont confronté leurs résultats aux capacités linguistiques émergentes de chaque enfant. Cela s’est déroulé par l’examen de la connaissance du vocabulaire de chacun, leur capacité à identifier les sons dans les mots individuels et leur capacité à mélanger des sons individuels pour comprendre le mot qu'il compose.

Une combinaison génétique-environnement

Les résultats ont montré que les enfants nés avec des indications plus élevées d'organisation de la substance blanche ont de meilleures compétences linguistiques cinq ans plus tard. Cela suggère que les compétences en communication pourraient être fortement liées à la structure cérébrale au début de la vie. “Peut-être que les différences individuelles dans la substance blanche que nous avons observées dans la petite enfance pourraient être façonnées par une combinaison de la génétique d'un enfant et de son environnement, estime Jennifer Zuk. Mais il est intrigant de réfléchir aux facteurs spécifiques qui pourraient amener les enfants à une organisation plus efficace de la substance blanche dès le début.”