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QUESTION D'ACTU

"Obscurité biologique"

Dépression : ce facteur de risque auquel on ne pense pas

Le fait de passer régulièrement ses matinées sous une trop faible lumière intérieure accroît le taux de cortisol de l'après-midi et du soir et modifie le sommeil de façon similaire aux troubles dépressifs.

Dépression : ce facteur de risque auquel on ne pense pas demaerre/iStock




L'ESSENTIEL
  • Une exposition répétée à un faible éclairage en début de journée induit une augmentation du taux de cortisol.
  • Vivre dans "l'obscurité biologique" le matin entraîne aussi une architecture du sommeil (nuits courtes, sommeil léger) similaire à celle des marqueurs de la dépression.
  • Les chercheurs recommandent l’apport de lumière naturelle ou d'une lumière artificielle vive dans les écoles, les lieux de travail et les habitations.

Les troubles dépressifs sont associés à une dérégulation de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, avec des taux de cortisol élevés jusqu'en fin d'après-midi et en début de soirée, au lieu d'atteindre leur niveau le plus bas, typique du début de soirée. Ces derniers sont également liés à des modifications de l'architecture du sommeil. "L'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et le sommeil sont tous deux modulés par le rythme circadien et donc influencés par la lumière et l'obscurité. Étonnamment, l'impact d'un faible éclairage diurne, que nous appelons 'vivre dans l'obscurité biologique', reste largement inexploré", ont indiqué des chercheurs de l'hôpital St. Hedwig et de la Charité Universitätsmedizin Berlin (Allemagne).

Lumière tamisée ou éclairage fluorescent de forte intensité

C’est pourquoi dans une nouvelle étude ils ont voulu examiner comment l'exposition à de faibles niveaux de lumière affecte les marqueurs liés à la dépression. Pour ce faire, l’équipe a recruté 20 personnes, âgées en moyenne de 24 ans, en bonne santé. Les volontaires ont été répartis aléatoirement en deux groupes de dix. Ces derniers ont été exposés soit à un éclairage incandescent de faible intensité (2.700 K, 55 lx, 12 mlux) ou à un éclairage fluorescent de plus forte intensité (3.500 K, 800 lx, 481 mlux) de 8 à 12 heures, sur une période de sept jours. Au cours de l’intervention, les participants ont conservé leurs heures de coucher habituelles. "Les évaluations réalisées avant et après les interventions comprenaient : une polysomnographie (enregistrant plusieurs variables physiologiques) durant deux nuits, le dosage du cortisol urinaire fractionné sur 32 h, les taux de cortisol et de mélatonine salivaires, le temps de réaction, la somnolence diurne et la tristesse."

Un faible éclairage de 8 à 12 heures est lié à des variations hormonales et des troubles du sommeil

Les résultats, publiés dans la revue Journal of Psychiatric Research, ont montré que le taux de cortisol du soir, entre 19 et 23 heures, étaient initialement à des niveaux quasi identiques dans les deux groupes. Cependant, après plusieurs matinées passées sous une lumière tamisée, les auteurs ont observé une hausse du cortisol de l’après-midi et du soir, une réduction du temps de sommeil total (- 25 minutes), un décalage de l’activité des ondes lentes du deuxième au troisième cycle NREM-REM, une augmentation de la somnolence subjective et de la tristesse. À l’inverse, un éclairage fluorescent de plus forte intensité a induit une augmentation du sommeil paradoxal en fin de période de sommeil. En ce qui concerne la phase circadienne, elle est restée inchangée dans les deux groupes.

Vivre dans "l'obscurité biologique" peut accroître la vulnérabilité à la dépression

Les scientifiques soulignent que l’insomnie précède souvent les épisodes dépressifs. "Un schéma similaire à l'insomnie est apparu ici sous une faible luminosité matinale : réduction du temps de sommeil total, diminution du sommeil réparateur en début de nuit et augmentation du temps passé dans les phases de sommeil léger. L'élévation du cortisol en fin de journée et le décalage tardif de l'activité des ondes lentes correspondent aux changements fréquemment décrits dans les maladies dépressives."

Face à ces données, l’équipe appelle à repenser l’éclairage quotidien en apportant de la lumière naturelle ou artificielle vive dans les écoles, les lieux de travail et les habitations, y compris les maisons de retraite, où l’éclairage crée souvent des conditions similaires à la faible luminosité. Cette mesure pourrait réduire la vulnérabilité liée aux environnements sombres, renforcer les signaux circadiens et par conséquent diminuer les risques de dépression.

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