- Les mammographies de routine pourraient être un outil d'évaluation du risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes.
- L'examen peut repérer les dépôts de calcium dans les artères mammaires.
- Plus les patientes avaient de calcifications plus leur risque d'incident cardiaque était important.
Votre prochaine mammographie pourra peut-être aider à dépister votre risque cardiovasculaire, en plus du cancer du sein. C’est ce que laisse penser une nouvelle étude de l’université d'État de Pennsylvanie (Penn State).
Les chercheurs ont, en effet, remarqué que l'examen pouvait détecter la présence de dépôts de calcium dans les artères du sein, un signe d'une rigidification des vaisseaux sanguins et un facteur de risque de maladie cardiaque. Ils ont présenté leur étude le 3 décembre dernier lors du congrès de la Radiological Society of North America.
La mammographie peut repérer les calcifications dans les artères du sein
Afin de voir si les calcifications dans les parois des artères du sein peuvent être repérées lors des mammographies et être un indicateur de risque de maladies cardiovasculaires des femmes, l’équipe a repris les données de 10.348 patientes ayant passé plusieurs mammographies. Les examens étaient séparés en moyenne de 4,1 ans. L'âge moyen des volontaires était de 56 ans.
À l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle dédié, les scientifiques ont recherché les dépôts de calcium dans les artères mammaires et déterminé leur gravité. Ce qui a permis de répartir les participantes en quatre catégories : absence de calcifications, calcification légère, modérée et sévère.
Les analyses ont ensuite montré que les participantes affichant une accumulation de calcium plus importante dans les artères au fil du temps avaient un risque accru d'événement cardiaque grave. Il pouvait être jusqu'à deux fois plus élevé par rapport aux autres. "Les femmes dont les artères mammaires étaient exemptes de calcifications lors de la mammographie initiale présentaient le risque de progression le plus faible", précisent les auteurs dans leur communiqué.
De plus, la détection de calcifications lors d'une mammographie de contrôle était liée à un risque accru d'événement cardiovasculaire indésirable et de décès de 41 % sur une période de suivi moyenne de 5,6 ans.
"Ce risque augmentait de 59 % chez les femmes dont la maladie avait initialement atteint un stade léger et qui ont ensuite progressé vers un stade plus sévère. Enfin, ce risque augmentait de 93 % chez celles dont la maladie avait initialement atteint un stade modéré et qui avait ensuite progressé vers un stade sévère", indiquent les chercheurs.
Maladies cardiaques : la mammographie pourrait améliorer la prise en charge des femmes
Pour les chercheurs, leur découverte pourrait fortement améliorer la prise en charge de la santé cardiaque de la gent féminine. "Nous savons que les femmes sont plus susceptibles d'être diagnostiquées à un stade avancé de maladie cardiovasculaire et de présenter un pronostic plus défavorable après un infarctus que les hommes. Cela pourrait s'expliquer en partie par le fait que les outils actuels d'évaluation du risque cardiovasculaire sous-estiment ce risque chez les femmes. Nous avons besoin de meilleurs outils", souligne Matthew Nudy de Penn State College of Medicine. "À l'avenir, l'évaluation de la calcification des artères mammaires pourrait contribuer à améliorer notre capacité à prédire le risque et à prévenir les maladies cardiovasculaires."
L’usage de la mammographie est particulièrement intéressant, car les femmes connaissent bien cet examen. D’ailleurs, il suscite moins de craintes et de contraintes qu’un scanner. "Cela pourrait permettre d'exploiter des données déjà disponibles pour d'autres raisons et de potentiellement les utiliser pour stratifier le risque de développer une maladie cardiovasculaire chez les patientes", ajoute l'expert.



