- Entre 2006 et 2022, le sperme d’un donneur danois présentant un gène TP53 augmentant le risque de cancer a contribué à la conception de 197 enfants européens.
- Parmi les jeunes patients porteurs de la mutation génétique, "certains avaient déjà développé un cancer et d'autres étaient déjà décédés."
- Selon la banque danoise de sperme European Sperm Bank, la mutation ne pouvait pas être détectée plus tôt, car elle "présente dans une petite fraction des spermatozoïdes du donneur."
Le 10 décembre, le Réseau de journalisme d’investigation européen Réseau de journalisme d’investigation de l’EBU (Union européenne de radio-télévision) a révélé une enquête dans laquelle il rapporte un cas alarmant de donneur où le sperme d'un homme a été utilisé pour concevoir des enfants dans 14 pays, "dont certains étaient porteurs d'une mutation rare et dangereuse" du gène TP53. Celui-ci est un gène suppresseur de tumeur qui contrôle la croissance et la division des cellules.
197 enfants conçus avec le sperme d’un donneur porteur d’un gène cancérigène
Tout a commencé au printemps lorsque des journalistes de la chaîne publique danoise DR ont déposé des demandes d'accès à l'information et identifié les liens du donneur avec des cliniques à travers l'Europe. Par la suite, plus de 30 journalistes européens ont sollicité les autorités sanitaires pour obtenir les documents officiels. Ensuite, ces derniers ont interrogé les familles, les médecins, les cliniques de fertilité et les banques de sperme. Les enquêteurs ont constaté le sperme du donneur anonyme danois, nommé 7069 et porteur d’un gène augmentant le risque de cancer, a été distribué à 67 cliniques à travers l'Europe en 17 ans, plus précisément de 2006 à 2022. "Malgré une alerte rapide émise en 2023, de nombreux parents ont été prévenus jusqu'à la mi-2025, certains ayant déjà entendu la nouvelle d'autres familles touchées."
Dans un premier temps, les journalistes ont noté que son sperme avait donné naissance à 67 enfants, puis finalement "197 cas" ont été "confirmés. D'autres cas sont attendus dans les pays qui n'ont pas encore publié de chiffres officiels." Selon le média belge RTBF, au moins une jeune fille française de 14 ans, issue du donneur 7069 dans un institut en Belgique, est porteuse de la mutation génétique. D’après des spécialistes en génétique du cancer, "certains enfants avaient déjà développé un cancer et que d'autres étaient déjà décédés."
Un dépistage urgent pour retrouver les enfants atteints
"La mutation spécifique est une altération rare et auparavant jamais décrite de TP53, qui n’est présente que dans une petite fraction des spermatozoïdes du donneur et non dans le reste de son organisme, le donneur lui-même n’étant pas atteint", a expliqué la banque danoise de sperme European Sperm Bank (EBS), dans un communiqué, selon l’AFP. En clair, cette anomalie ne pouvait être détectée par un dépistage génétique préalable. La société ajoute que tous les enfants conçus par ce don n’en sont pas porteurs.
Face à ce problème de santé publique, les médecins du réseau européen GENTURIS, spécialisé dans le risque de tumeurs héréditaires, soulignent la nécessité d’un dépistage urgent pour retrouver tous les enfants atteints et fournir un suivi susceptible de sauver des vies. "Cette affaire met en lumière les conséquences d'un système fondé sur la confiance sans les mécanismes nécessaires pour le faire respecter", a déclaré Liz Corbin, directrice de l'information de l’Union européenne de radio-télévision.



