- Une étude britannique montre que l’image corporelle à 16 ans prédit les troubles mentaux à l’âge adulte.
- Les filles sont particulièrement exposées, du fait des normes sociales qui pèsent davantage sur elles.
- "Il faut intervenir dans les écoles, la santé publique et les médias pour valoriser la diversité corporelle et lutter contre les idéaux toxiques", selon les chercheurs.
"Je me sens gros/grosse" : cette pensée, banale chez de nombreux adolescents et adolescentes, pourrait avoir des conséquences profondes sur leur santé mentale plus tard dans la vie. Une étude britannique menée par l'University College London (UCL) révèle qu’à 16 ans, une insatisfaction corporelle augmente significativement les risques de troubles alimentaires et de dépression à l’âge adulte.
Un impact sur la santé mentale plus fort chez les filles
Dans le cadre de leurs travaux, publié dans The Lancet Psychiatry, les chercheurs ont suivi plus de 2.000 jumeaux nés entre 1994 et 1996 au Royaume-Uni, issus de la cohorte TEDS (Twins Early Development Study). L’analyse a comparé les jumeaux identiques, qui partagent 100 % de leur ADN, aux jumeaux non identiques, afin de distinguer les effets génétiques et environnementaux sur l'image corporelle et la santé mentale. La Dre Ilaria Costantini, coautrice de l’étude, explique dans un communiqué : "Il est crucial de comprendre ce qui alimente la hausse des troubles alimentaires et de la dépression chez les jeunes. Nos résultats montrent que l’image corporelle n’est pas qu’un reflet de la santé mentale : elle y contribue activement."
Les adolescents, interrogés à l’âge de 16 ans sur leur rapport au corps (peur de grossir, jugement lié au poids...) ont été évalués à 21 et 26 ans sur les symptômes de dépression et de troubles alimentaires. Les résultats sont clairs : être insatisfait de son corps à l’adolescence prédit un mal-être durable. Si les garçons sont également concernés, les filles apparaissent plus vulnérables, probablement à cause des normes sociales qui pèsent davantage sur elles. "Notre méthode de mesure ciblait surtout le poids et la forme, plus saillants chez les filles. Si nous avions inclus la musculature ou la taille, peut-être aurions-nous observé un effet plus marqué chez les garçons", souligne la Dre Costantini.
"La stigmatisation du poids alimente l’insatisfaction corporelle"
Même si des facteurs génétiques expliquent en partie ces insatisfactions, les expériences personnelles, comme la pression sociale ou l'exposition aux standards de beauté dans la publicité ou les réseaux sociaux, peuvent les aggraver. "Cette étude montre que la stigmatisation du poids alimente l’insatisfaction corporelle", selon Umairah Malik, responsable de l’association Beat, spécialisée dans les troubles alimentaires au Royaume-Uni.
Pour protéger les jeunes des injonctions négatives sur le corps, les chercheurs appellent donc à des actions préventives ciblées dès l’adolescence. "Il faut intervenir dans les écoles, les centres de santé publique et les médias pour valoriser la diversité corporelle et lutter contre les idéaux toxiques", conclut le Professeur Francesca Solmi.



