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QUESTION D'ACTU

Santé cardiaque

Pourquoi les crises cardiaques nocturnes sont moins graves ?

La nuit, certaines cellules immunitaires sont moins agressives. Or celles-ci peuvent générer des lésions en cas de crise cardiaque. 

Pourquoi les crises cardiaques nocturnes sont moins graves ? wildpixel/istock




L'ESSENTIEL
  • Les lésions inflammatoires sont moins graves lorsque une crise cardiaque survient la nuit.
  • Cela serait lié à l'action des neutrophiles, des cellules immunitaires.
  • Elles sont à l'origine de 50 % des lésions consécutives à une crise cardiaque, mais elles sont moins actives la nuit.

Près de 80.000 crises cardiaques surviennent chaque année en France. Leur gravité dépend de différents facteurs, dont le moment où elles surviennent. Comme le rappelle une équipe de chercheurs du Centro Nacional de Investigaciones Cardiovasculares (CNIC) de Madrid, les crises cardiaques sont moins graves lorsqu’elles ont lieu la nuit. Ils expliquent pourquoi dans une étude parue dans Journal of Experimental Medicine.

Crise cardiaque : des lésions liées aux cellules immunitaires 

Cette équipe, dirigée par le Dr Andrés Hidalgo, explique que notre système immunitaire s’adapte au rythme circadien : le fait que les humains sont actifs la journée et endormis la nuit. Son activité pendant la nuit est réduite, car le risque d’infection diminue puisque nous dormons. "Il est bien connu que dans des situations stressantes (…), le système immunitaire peut provoquer de graves dommages collatéraux aux tissus", précisent les scientifiques. Ils ajoutent que des recherches ont montré que la moitié des dommages cardiaques, consécutifs à un infarctus, sont liés à l’action des neutrophiles, des cellules immunitaires. "Il est intéressant de noter que ce type de dommages inflammatoires fluctue naturellement tout au long de la journée, ce qui suggère l’existence de mécanismes circadiens qui limitent l’activité des neutrophiles et protègent l’organisme", développent-ils.

Des cellules immunitaires inactives la nuit 

Dans leurs travaux, les auteurs ont cherché à décrypter l’activité de ces globules blancs en fonction du moment de la journée. Pour y parvenir, ils ont analysé les données de "milliers de patients de Hospital 12 de Octubre", établissement situé à Madrid. L’étude de ces informations a confirmé qu'une activité plus faible des neutrophiles, la nuit, entraînait des crises cardiaques moins graves pendant cette période. "La nuit, les neutrophiles migrent vers la zone endommagée tout en épargnant les tissus sains, explique la première autrice de l'étude, le Dr Alejandra Aroca-Crevillén. Pendant la journée, ils perdent cette directionnalité et causent davantage de dommages aux tissus environnants."

Crise cardiaque : tromper le système immunitaire pour réduire les lésions inflammatoires 

Dans un second temps, l’équipe de scientifiques espagnols a travaillé sur une stratégie thérapeutique pour réduire la nocivité des neutrophiles pendant la journée. "Le composé imite un facteur que le corps produit principalement la nuit, indique le Dr Hidalgo. D’une certaine manière, ce facteur 'trompe' les neutrophiles en leur faisant croire qu’il fait nuit, réduisant ainsi leur activité toxique." Lors de tests, ils ont constaté que ce blocage de l’horloge moléculaire des cellules permettait de protéger le cœur et que cela améliorait aussi la réaction immunitaire face à certains microbes. Selon les auteurs, ces recherches en chronobiologie pourraient permettre d’éviter les lésions inflammatoires sur d’autres organes, tout en préservant l’action du système immunitaire. 

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