- Des pommes, desquelles ont été retirées les cellules, peuvent servir de structure pour fabriquer du cartilage humain.
- Ce matériau peut être nécessaire pour les patients atteints d’arthrose ou après un traumatisme.
- Cela pourrait aussi permettre de réaliser des tests en laboratoire.
Les pommes sont bonnes pour la santé, et pas seulement lorsqu’elles sont mangées ! Dans The Conversation, Karim Boumédiene, professeur de biochimie et de biologie moléculaire et co-directeur du laboratoire Bioconnect de l’Université Caen Normandie, explique que le fruit peut être utilisé pour fabriquer du cartilage humain en laboratoire.
Des cellules humaines combinées à de la pomme pour créer du cartilage
Les travaux de son équipe ont été publiés dans Journal of Biological Engineering. "Dans cette étude, nous avons utilisé des pommes décellularisées comme biomatériau, combinées avec des cellules souches humaines pour reconstruire du cartilage in vitro (c’est-à-dire dans des boîtes de culture)", explique le chercheur. Ces tissus fabriqués en laboratoire sont destinés à être utilisés comme greffon, pour des patients atteints de maladie dégénérative de l’os, comme l’arthrose ou après un traumatisme.
"Obtenir des tissus sains implantables est un véritable challenge pour les chirurgiens, devant la rareté ou la compatibilité des donneurs, alerte ce spécialiste. Afin de s’en affranchir, l’ingénierie tissulaire se révèle être une stratégie efficace." Comme les cellules "ne s’organisent pas spontanément pour former des tissus", cette méthode repose généralement sur l’utilisation de biomatériaux. "Ces derniers sont utilisés pour jouer le rôle de support et d’échafaudage aux cellules, afin de leur permettre de former un tissu sous forme de volume et, ainsi, faciliter la reconstruction tissulaire", précise le professeur. À terme, cela permet de créer de l’os, du muscle ou du cartilage.
Le professeur Karim Boumédiene explique que des tissus végétaux décellularisés, soit débarrassés de leurs cellules, peuvent servir de support pour la reconstruction. Ils sont utilisés par les scientifiques depuis une dizaine d’années. "Il y a plusieurs avantages à l’utilisation de tels supports issus du règne végétal : disponibilité quasi illimitée, prix très faible, biocompatibilité déjà validée in vivo, possibilité de sculpter le matériau à volonté pour épouser la forme du tissu désiré", indique-t-il.
De la pomme pour fabriquer du cartilage : des applications scientifiques multiples
Leur essai, réalisé avec de la pomme, est une première mondiale en matière de reconstruction de cartilage grâce à un support végétal. "Il s’agit là d’un premier pas dans l’utilisation des tissus provenant des plantes pour la reconstruction de tissus humains, même si cela doit être validé par des expériences supplémentaires, d’abord précliniques sur l’animal puis cliniques sur l’humain, pour évaluer le comportement de ces tissus sur le long terme et le bénéfice pour les patients", prévient le chercheur.
Si elle pourra aider des patients souffrant d’arthrose, de cancer ou ayant subi un traumatisme, cette nouvelle technique pourrait aussi être utilisée en laboratoire, en alternative aux animaux d’expérimentation. "Les tissus ainsi construits en laboratoire peuvent aussi avantageusement être employés pour modéliser plus efficacement les maladies in vitro et tester des traitements dans des modèles dits "organoïdes", permettant ainsi de réduire voire de remplacer les tests in vivo", estime le scientifique. Des travaux sur d’autres végétaux sont en cours, dont le céleri.



