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Vaccination

Covid-19 : pourquoi les primo-vaccinés doivent rester prudents

Par Paul-Emile François

Le système immunitaire n'est complètement armé face au SARS-CoV-2 qu'après la seconde injection des vaccins anti-Covid. Voici pourquoi.

Halfpoint/iStock
Si elle déclenche déjà la production d'anticorps, la première dose des vaccins anti-Covid n'assure qu'une très faible protection face au coronavirus
Seule la deuxième dose assure une réponse de l'ensemble des acteurs de l'immunité

En dehors de l'impossibilité que cela implique de pouvoir disposer du "pass sanitaire", sésame que le gouvernement souhaite imposer jusque dans des pratiques de la vie courante, le fait de ne pas avoir reçu la deuxième dose d'un vaccin anti-Covid n'apporte surtout qu'une protection très faible contre l'infection par le coronavirus. Une étude menée par des scientifiques de l'université de Stanford précise les raisons pour lesquelles cette deuxième dose est indispensable pour bénéficier d'une meilleure protection. Un travail qui révèle la complexité du fonctionnement de notre système immunitaire.

Cette étude publiée dans la revue Nature confirme que, surtout face aux nouveaux variants dont le fameux Delta, la première dose d'un vaccin - qu'il s'agisse des vaccins à ARN messager comme Pfizer ou Moderna ou du vaccin d'AstraZeneca-, si elle fait apparaître rapidement des anticorps neutralisants du coronavirus, ceux-ci ne sont ni assez nombreux ni assez fiables dans la durée. Mais surtout, la protection apportée par les vaccins ne repose pas seulement sur la production de ces anticorps.

C'est leur action ajoutée à celle d'autres acteurs de l'immunité qui peut seule protéger les cellules de l'infection par le SARS-CoV-2, même si ces anticorps jouent un rôle essentiel en empêchant le virus de pénétrer dans les cellules. Et ces autres acteurs, les cellules immunitaires innées, les lymphocytes et les cytokines ne sont pas stimulés par la première dose d'un vaccin. Ce que montre l'étude réalisé à Stanford, c'est que ce n'est qu'après la seconde dose que la quantité d'anticorps neutralisants augmente réellement mais surtout que d'autres mécanismes immunitaires se mettent en oeuvre.

"La seconde dose a de puissants effets bénéfiques"

"Le système immunitaire est compliqué et les anticorps seuls ne sont qu'un des éléments de cette complexité", précise le Pr Bali Pulendran, auteur de l'article de Nature. Plus précisément, il explique qu'à la suite de l'injection de la seconde dose, on constate non seulement une augmentation des lymphocytes dont ceux qui sont spécifiques au coronavirus, mais aussi que des monocytes, cellules immunitaires innées présentes dans le sang, se multiplient en grande quantité pour devenir cent fois plus nombreuses qu'après la première dose. Et c'est cette augmentation très importante des monocytes qui, en s'accompagnant d'une hausse des concentrations d'une cytokine appelée interféron, stimule les gènes qui déclenchent l'activité antivirale. "La seconde dose a de puissants effets bénéfiques qui dépassent de loin ceux de la première dose", souligne le Pr Pulendran. 

Donc, pour les personnes, ayant ou non quitté leur lieu habituel de résidence pour cause de vacances après n'avoir reçu qu'une seule dose - et ces primo-vaccinés sont aujourd'hui très nombreux à la suite de la ruée vers les centres de vaccination consécutive à l'annonce de l'élargissement du pass sanitaire- il est indispensable de faire preuve de prudence avant d'avoir pu recevoir la seconde injection.