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Génétique

Délit de "sale gueule" : cette étude détruit le mythe de la morphopsychologie

Par Mathilde Debry

L'aspect de notre visage ne peut en aucun cas prédire nos comportements, contrairement à ce que soutiennent les partisans de la morphopsychologie. 

Gearstd / istock.
Chaque visage est unique, ce qui en fait une base pour l'identification des personnes (photographie d'identité, anthropométrie, reconnaissance faciale...).
La morphopsychologie prétend établir des correspondances entre la morphologie des traits du visage d'un individu et sa psychologie.

Un lien génétique entre la forme du visage et celle du cerveau existe bel et bien, selon une nouvelle recherche publiée dans Nature Genetics. En revanche, aucun lien n’a été établi entre la figure et les troubles comportementaux ou cognitifs tels que la maladie d'Alzheimer, la schizophrénie ou encore les troubles bipolaires.

76 localisations génétiques

Concrètement, une équipe pluridisciplinaire dirigée par la KU Leuven et Stanford a identifié 76 localisations génétiques qui façonnent à la fois notre visage et notre cerveau. "Des indices permettant d’établir un lien génétique entre la forme de notre visage et celle de notre cerveau avaient déjà été mis au jour", explique le professeur Peter Claes, co-directeur de l’étude. Mais cette fois-ci, "nous avons identifié 472 emplacements génomiques qui ont un impact sur la forme de notre cerveau. 351 de ces emplacements n'avaient jamais été identifiés auparavant. À notre grande surprise, nous avons constaté que pas moins de 76 emplacements génomiques prédictifs de la forme du cerveau étaient déjà liés à la forme du visage. Le lien génétique entre le faciès et la forme du cerveau est donc convaincant", poursuit-il.

"Affirmations pseudo-scientifiques"

En revanche, les résultats de son équipe confirment qu'il n'existe aucun lien direct entre le visage d'une personne et son comportement. "Par conséquent, nous nous désolidarisons explicitement des affirmations pseudo-scientifiques contraires. Par exemple, certaines personnes prétendent pouvoir détecter les tendances agressives des visages grâce à l'intelligence artificielle. Non seulement de tels projets sont totalement contraires à l'éthique, mais ils manquent également de fondement scientifique", conclut Peter Claes.

En ce sens, sa recherche indique qu'au début de l'embryogenèse, le visage et le cerveau se façonnent mutuellement, mais que cette interaction n'a pas nécessairement d'impact sur le développement ultérieur de la fonction cognitive du cerveau.