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Tribune

Coronavirus : les ordres de santé appellent tous les soignants à se faire vacciner

Par Diane Cacciarella

Actuellement, moins d’un tiers des soignants en milieu hospitalier a reçu au moins une dose du vaccin. Un chiffre insuffisant pour les autorités sanitaires et gouvernementales, qui les incitent à se faire vacciner plus massivement.

Teka77 / istock.

Un “devoir déontologique” pour “freiner la propagation de l’épidémie”. C’est la formule employée par les sept ordres des professions de santé - médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes, masseurs kinésithérapeutes, pédicures-podologues et infirmiers - pour qualifier l’acte de se faire vacciner lorsqu’on est soignant.

Dans une tribune publiée aujourd’hui dans le Journal du Dimanche, ils “appellent d’une seule voix l’ensemble des soignants à se faire vacciner” contre la Covid-19. En effet, les chiffres actuels de la vaccination de cette profession - pourtant en première ligne - sont jugés trop faibles. “Seuls 40 % des personnels des Ehpad et 30 % des soignants en établissements hospitaliers et de ville ont reçu au moins une dose du vaccin à ce jour, estiment les auteurs de cette tribune. C’est beaucoup trop peu”. Selon eux, il s’agit d’autant plus d’un acte citoyen que les soignants sont “au contact des populations les plus fragiles” et “parce que cela relève de leur devoir déontologique, protéger leurs patients en toutes circonstances, et parce qu’il est impératif qu’ils puissent eux-mêmes se protéger contre le virus, ainsi que leurs proches, et freiner la propagation de l’épidémie.”

Un tiers des soignants sont vaccinés

Depuis plusieurs semaines, la vaccination des soignants fait débat, au sujet notamment des doses d’AstraZeneca. En février dernier sur BFMTV, Jérôme Marty, médecin et président de l'Union française pour une médecine libre, appelait à ne "pas vacciner les soignants avec ce vaccin" parce qu’ils "sont soumis à de fortes charges virales, donc il leur faut le vaccin le plus efficace. Nous sommes amenés à rencontrer le virus plusieurs fois par jour au sein des services. Nous devons donc bénéficier de la plus forte protection afin d'être auprès de nos patients". Et de poursuivre : “on sait que ce vaccin (celui d'AstraZeneca) est moins efficace que celui de Pfizer/BioNTech ou Moderna.”

Actuellement, les chiffres de la vaccination chez les soignants sont aussi insuffisants pour Alain Fischer, immunologue chargé de la stratégie vaccinale du gouvernement. Dans un entretien paru dans le Journal du Dimanche d’aujourd’hui, il estime qu’un tiers des soignants seulement sont vaccinés. “Il faut tout faire pour convaincre les jeunes soignants qui ne se sentent pas forcément en danger eux-mêmes, qu’ils se protègent et qu’ils protègent probablement leurs patients en se faisant vacciner,” insiste-t-il.

La lettre d’Olivier Véran, mal accueillie par les soignants

Vendredi dernier, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a publié une lettre où il détaillait ces chiffres : “Aujourd’hui, près de 40% des personnels des EHPAD et 30% des personnels des établissements de santé sont vaccinés. C’est un chiffre encourageant, mais qui ne progresse que trop peu. Cela ne suffit pas, alors même que des stocks de vaccins AstraZeneca sont encore disponibles dans la plupart des établissements. (...) Si vous n’êtes pas encore vaccinés, faites le rapidement. Il en va de notre sécurité collective, et de la capacité de notre système de santé à tenir.”

De nombreuses voies de la communauté médicale se sont élevées contre cette lettre, à l’instar de Thierry Amouroux, le porte-parole du syndicat national des infirmiers, hier matin au micro d’Europe 1 : "la méthode de transformer les soignants en boucs émissaires pour masquer leur propre incompétence à gérer l’épidémie et la vaccination est assez ignoble. (...) Les soignants ne refusent pas de se vacciner ! Les soignants ne veulent pas d’AstraZeneca, car il n’est pas assez efficace pour une population comme les soignants. Comme ils sont très exposés, ils ont besoin d’un vaccin plus efficace qu’AstraZeneca." Pour l’instant, en France, la vaccination pour les soignants comme pour les autres citoyens relève du volontariat.