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Diabète, NASH, etc

Maladies du foie : une seule cellule anormale peut contaminer toutes les autres

Par Mégane Fleury

Une protéine peut dérégler le fonctionnement d’une cellule hépatique, qui va ensuite perturber le bon fonctionnement de l’ensemble des cellules du foie. 

Natali_Mis/istock
L'étude menée sur des souris a montré que la protéine Cx43 diffuse les signaux de stress à l'ensemble des cellules hépatiques et peut donc causer certaines maladies, comme la maladie du soda.

Il suffit d’une seule cellule pour nous rendre malade. Cette composante de notre organisme mesure seulement dix micromètres, mais si l’une d’entre elles est déréglée, toutes les autres peuvent être impactées. Dans une recherche, parue dans la revue Cell Metabolism, des scientifiques américains ont identifié ce mécanisme comme l’une des causes des maladies du foie. Une protéine est responsable de ces dysfonctionnements d’une cellule hépatique, qui va elle-même provoquer des dérèglements de l’ensemble des cellules du foie. 

La transmission de signaux de stress

L’équipe de recherche a constaté le rôle primordial de la protéine Cx43 : elle permet la diffusion de signaux de stress dans les cellules. Ils ont remarqué que les souris qui en sont dépourvues avaient une protection naturelle contre la résistance à l’insuline, l’intolérance au glucose et la stéatose hépatique non-alcoolique (NASH). "Nous avons découvert que lorsqu’une cellule hépatique stressée commence à communiquer avec ses voisines, elle peut envoyer ces signaux de stress aux cellules environnantes, provoquant ainsi différents problèmes qui peuvent entraîner des maladies du foie ou du métabolisme", détaille l’un des auteurs, Gokhan S. Hotamisligil. Les signaux de stress empêchent les cellules de correctement réagir, et bouleverse les défenses immunitaires des tissus du foie. 

L’hypothèse d’un moyen de prévention contre les maladies hépatiques

Cette découverte permet de décortiquer l’apparition de certaines maladies hépatiques mais elle aide aussi à trouver des manières de les empêcher. "Quand ces signaux sont stoppés dans la cellule de départ, la santé métabolique peut être préservée, même en présence de facteurs aggravants, comme l’obésité", explique-t-il. Avec son équipe, ils ont testé cette hypothèse sur des souris obèses : les chercheurs ont constaté qu’elles ont un taux de protéine Cx43 plus élevé, lorsqu’ils ont supprimé cette protéine de leur organisme, leurs cellules hépatiques n’étaient plus ciblées par des signaux de stress. Si ce mécanisme est reproductible chez l'humain, cela pourrait devenir un outil important de prévention. 

Une cause de la maladie du soda

"Les taux d’obésité sont en augmentation partout, et nous ne connaissons pas toutes les complications qui y sont associées, dont celles liées au métabolisme et la NASH", ajoute Amir Tirosh, co-auteur. Avec les autres chercheurs, ils espèrent pouvoir utiliser les résultats de leur recherche pour lutter contre la résistance à l’insuline et la NASH. Cette dernière est aussi appelée maladie du soda ou du foie gras, liée à une alimentation trop riche en graisses et en sucre, elle conduit à une dégradation progressive du foie. Environ 12% des personnes obèses seraient touchées aujourd'hui, mais les cas sont en augmentation.