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Malaria

Des scientifiques ont créé le moustique anti-paludisme

Par La rédaction

Ces anophèles ont été génétiquement modifiés grâce aux “ciseaux génétiques” CRISPR-Cas9 afin qu’ils ne puissent plus transmettre à l’être humain le parasite responsable du paludisme.

PitiyaO/iStock
Il est désormais possible de créer des moustiques génétiquement modifiés qui ne peuvent plus transmettre le paludisme à l'être humain.
Grâce aux ciseaux génétiques CRISPR-Cas9, des scientifiques sont parvenus à changer la section d'ADN chez le moustique qui rendait transmissible le paludisme.
Selon l'OMS, le paludisme est responsable de 228 millions de contaminations et de 405 000 morts en 2018.

Peut-être que demain, les moustiques ne transmettront plus le paludisme. C’est en tout cas ce à quoi travaillent des chercheurs de l’université de Californie à Irvine (Etats-Unis). Grâce aux ciseaux génétiques CRISPR-Cas9, ils espèrent modifier les chromosomes des moustiques responsables du paludisme pour les empêcher de transmettre le parasite. Les résultats ont été publiés le 3 novembre 2020 dans Nature Communications. 

Un problème de santé publique grave dans les zones touchées

Le paludisme, aussi appelé malaria, est une maladie infectieuse qui se transmet par l’intermédiaire d’un moustique, l’anophèle, dont seules les femelles sont des vecteurs. Les principaux parasites responsables de cette maladie, les Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax, ont besoin des moustiques pour se reproduire. Une fois passé dans la circulation sanguine de l’être humain, le parasite fait exploser les globules rouges. Cette maladie sévit dans les régions tropicales avec un fort taux d’humidité. Les régions les plus touchées par le paludisme sont l’Afrique subsaharienne et le sous-continent indien. Selon les chiffres avancés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le paludisme aurait contaminé 228 millions de personnes dans le monde en 2018 et en aurait tué 405 000. 

Face à problème de santé publique important, Adriana Adolfi, chercheuse postdoctorale à l’université de Californie à Irvine et autrice principale de l’étude, a décidé de trouver une solution pour stopper la transmission du parasite chez l’humain. Pour cela, elle et son équipe ont décidé d’utiliser l’outil CRISPR-Cas9, afin de rendre impossible la transmission des parasites des femelles anophèles vers les humains. CRISPR-Cas9 est ce que l’on appelle un ciseau génétique, capable de “couper” un bout de l’ADN  pour le remplacer par une autre séquence. En modifiant l’ADN des femelles anophèles, cela augmentera par la même occasion les chances que rendre leur progéniture incapable d’effectuer une transmission parasitaire.

Le système d'entraînement des gènes de deuxième génération décrit dans cet article peut être appliqué à n'importe lequel des milliers de gènes qui sont essentiels à la survie ou à la reproduction des insectes, indique Ethan Bier, professeur à l’université de Californie à San Diego et coauteur de l’étude. Bien qu'il ait été développé chez les mouches à fruits, ce système est facilement transportable à une large sélection d'espèces d'insectes qui servent de vecteurs à des troubles dévastateurs tels que la maladie de Chagas, la maladie du sommeil, la leishmaniose et les maladies arbovirales”.

Un moustique devenu inoffensif pour l’être humain

Les chercheurs n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’il avait déjà réalisé une première expérimentation en 2015 sur l’anophèle stephensi, le moustique responsable du paludisme dans le sous-continent indien. Dans leurs premiers essais, le blocage du gène se transmettait à la progéniture dans 99% des cas lorsque la modification avait été effectuée sur le mâle, mais à seulement 60 à 70% lorsqu’elle était réalisée sur la femelle. Depuis, les équipes ont réussi à résoudre le problème chez la femelle. 

Les nouveaux moustiques ainsi produits peuvent continuer de se reproduire tout en portant en eux l’impossibilité totale de transmettre les parasites qui les habitent. De plus, le système mis en place pour changer leur gène s’étant perfectionné, les erreurs génétiques sont devenues quasi inexistantes. Toutefois, des essais approfondis sont nécessaires avant que l’équipe ne pratique des tests sur le terrain.