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Recherche mondiale

Covid-19 : résultats prometteurs pour un vaccin nasal

Par Charlotte Arce

Testé avec succès sur des souris, ce vaccin nasal contre le SARS-CoV-2 produirait une réponse immunitaire plus étendue que ceux administrés par voie intramusculaire.

vladans/iStock
Des chercheurs américains ont testé avec succès sur des souris un vaccin nasal unidose.
Utilisant un adénovirus génétiquement modifié, il garantit selon ses auteurs une réponse immunitaire plus forte et empêcherait la transmission du virus entre humains.

Le premier vaccin contre le SARS-CoV-2 sera-t-il nasal ? Alors que de la Grande-Bretagne à la France, en passant par la Russie ou la Chine, les laboratoires pharmaceutiques planchent sur un vaccin injectable pour lutter contre la pandémie mondiale de Covid-19, des chercheurs de l’université de Washington à Saint-Louis (États-Unis) viennent de réussir avec succès les premières phases d’un vaccin administré en une seule dose par voie nasale.

Dans leur étude publiée en ligne dans la revue Cell, ils expliquent avoir découvert que la voie d'administration nasale créait une forte réponse immunitaire, mais qu'elle était particulièrement efficace dans le nez et les voies respiratoires, empêchant l'infection de s'installer dans l'organisme. "Nous avons été heureusement surpris de constater une forte réponse immunitaire dans les cellules de la paroi interne du nez et des voies respiratoires supérieures, ainsi qu'une profonde protection contre l'infection par ce virus, explique Michael S. Diamond, professeur de médecine et de microbiologie moléculaire, de pathologie et d'immunologie. Ces souris étaient bien protégées contre la maladie. Et chez certaines des souris, nous avons vu des preuves d'immunité stérilisante, où il n'y a aucun signe d'infection après que la souris ait été attaquée par le virus."

Une immunité plus importante par voie nasale

Comment ce vaccin a-t-il été mis au point ? Les chercheurs ont d’abord inséré la protéine de pointe du virus, que le coronavirus utilise pour envahir les cellules, à l'intérieur d'un autre virus - appelé adénovirus - qui provoque le rhume, qui a aussi été modifié pour le rendre incapable de provoquer une maladie. Ainsi rendu inoffensif, le virus permet à l'organisme de mettre en place une défense immunitaire contre le virus du SRAS-CoV-2 sans tomber malade.

D’après David T. Curiel, co-auteur des travaux, "les adénovirus sont à la base de nombreux vaccins expérimentaux contre la Covid-19 et d'autres maladies infectieuses, comme le virus Ebola et la tuberculose, et ils ont de bons antécédents en matière de sécurité et d'efficacité". Toutefois, précise-t-il, peu de recherche ont été jusqu’ici menées sur l’administration nasale de ces vaccins. Or, non seulement ce vaccin unidose produit "une protection immunitaire robuste", mais il s’avère plus sûr que les vaccins nécessitant deux doses car "certaines personnes, pour diverses raisons, ne reçoivent jamais la deuxième dose".

Les chercheurs ont comparé ce vaccin administré aux souris de deux façons : par le nez et par injection intramusculaire. Si l'injection a induit une réponse immunitaire qui a empêché la pneumonie, elle n'a pas empêché l'infection dans le nez et les poumons. Selon les scientifiques, cela signifie qu’un tel vaccin pourrait réduire la gravité de l’infection, mais il ne la bloquerait pas totalement et n’empêcherait donc pas les personnes infectées de propager le virus.

En revanche, la voie nasale a empêché l'infection des voies respiratoires supérieures et inférieures (le nez et les poumons), ce qui suggère que les personnes vaccinées ne propageraient pas le virus ou ne développeraient pas d'infections ailleurs dans le corps.

D’autres phases de test prévues

Aussi prometteur soit-il, ce vaccin doit encore passer de nombreuses phases de l’essai clinique avant une quelconque commercialisation. "Nous allons bientôt commencer une étude pour tester ce vaccin intranasal sur des primates pour passer aussi vite que possible aux essais cliniques sur l'humain, a déclaré le Pr Diamond. Nous sommes optimistes, mais il faut continuer à faire passer le vaccin par les filières d'évaluation appropriées. Dans ces modèles de souris, le vaccin est hautement protecteur."