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Cancer masculin

Quand faut-il traiter un cancer de la prostate?

Par Charlotte Arce

Un nouvel outil de calcul est capable d’identifier quels patients risquent de développer un cancer de la prostate agressif et ceux qui peuvent retarder le traitement sans risque pour leur santé.

jarun011/iStock
Mis au point grâce à la base de données Movember comprenant plus de 14 000 patients, ce nomograme devrait permettre de systématiser la surveillance active des cancers de la prostate peu agressifs.

Avec 50 403 nouveaux cas de cancer de la prostate diagnostiqués en France métropolitaine et 8 207 décès estimés en 2017, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes de plus de 50 ans.

Bien que le cancer de la prostate se situe à l’heure actuelle au 3e rang des décès par cancer chez l’homme, il n’existe toujours par de recommandations officielles en faveur d’un dépistage organisé et généralisé.

En cause, selon la Ligue contre le cancer : l’absence de “connaissances actuelles permettant de faire la distinction entre les formes agressives de cancer de la prostate qui doivent être traitées et les formes latentes qui ne donnent lieu à aucun symptôme et dont les traitements inutiles exposent à des effets secondaires qui affectent la qualité de vie (incontinence urinaire, impuissance sexuelle).”

Toutefois, cela pourrait bientôt changer, révèlent de nouveaux travaux présentés lors du dernier congrès virtuel de l’Association européenne d’urologie. Mené par la docteure Mieke Van Hemelrijck, du King’s College de Londres (Royaume-Uni), le consortium GAP3 a commencé à identifier les patients qui risquent de développer la maladie et ceux qui peuvent continuer à retarder leur traitement en toute sécurité. “Les méthodes actuelles pour décider de recommander ou non un traitement ne sont pas fiables. Notre analyse montre que nous devrions être en mesure de produire une méthodologie globale unique, qui donnera des estimations précises sur le degré d'agressivité de ces cancers. Ces estimations seront directement prises en compte dans la décision de traitement et donneront aux hommes l'assurance dont ils ont besoin pour décider du traitement”, explique la chercheuse et autrice principale de l’étude.

Une surveillance active encore trop aléatoire

Chez les hommes ayant un cancer de la prostate à faible risque, il est possible de mettre en place une surveillance active plutôt qu’un traitement aux effets secondaires importants. Cette surveillance consiste en des tests réguliers des niveaux de PSA (antigènes spécifiques de la prostate) ou des biopsies, ce qui permet de ne commencer un traitement que lorsque le cancer montre des signes de développement. Le nombre d'hommes sous surveillance active varie d'un pays à l'autre, jusqu'à 80 % des hommes retardant leur traitement dans certains pays. Cependant, il n'existe pas de méthode généralement acceptée pour déterminer qui est à risque, et jusqu'à 38 % des hommes qui commencent une surveillance active abandonnent dans les cinq ans.

Bien que la surveillance active soit efficace dans la gestion du cancer de la prostate à faible risque, il n’existe à l’heure actuelle aucun consensus sur les hommes qui en bénéficient. Les médecins prennent en compte toute une série de facteurs, tels que l'âge, le score PSA, les détails de la biopsie, les détails techniques du cancer, etc. Néanmoins, la décision d'entamer ou non un traitement reste souvent subjective.

La docteure Van Hemelrijck a ainsi travaillé avec une équipe de chercheurs du consortium GAP3, qui est une base de données mondiale sur la surveillance active, afin de mettre au point le nomogramme de surveillance active le plus précis au monde grâce à la base de données Movember concernant 14 380 patients.

Un nomogramme très précis mais à affiner

Cet outil de calcul est similaire à une application : on y entre les informations du patient relatives à son âge, la taille et l’état de sa tumeur, le dosage PSA, les détails de la biopsie, les facteurs génétiques, ou encore le temps passé sous surveillance active. Le nomogramme est ensuite capable de déterminer si un traitement est nécessaire ou non.

Il n'est pas surprenant que nous ayons constaté que même en tenant compte de ces facteurs, il y avait encore des différences de résultats entre les centres participants. Mais ces travaux ont montré qu'il sera possible de produire un nomogramme qui pourra guider le traitement. Tout aussi important, le travail montre quels facteurs supplémentaires doivent être inclus dans le nomogramme à l'avenir pour nous permettre d'éliminer cette variation et de produire des estimations précises de l'agressivité des tumeurs”, conclut la docteure Van Hemelrijck.